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- Lutte ouvrière n°2334
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Leur société
Procès PIP : Un capitaliste dans le box des accusés
Le procès PIP est à lui seul une leçon de choses sur la chaîne d'arnaques et de malversations inhérentes à la production capitaliste.
Créée en 1991, la société Poly implants prothèses (PIP) fabriquait des prothèses mammaires. Il s'agissait de poches emplies d'un gel de silicone, pour lequel il fallait obtenir une homologation. Très vite, le gel homologué a été remplacé par une recette « maison », à base d'une huile de silicone à usage industriel. Parce que cela coûtait moins cher, dix fois moins cher.
L'entreprise qui fournissait l'huile de silicone n'hésite pas à affirmer qu'elle ne pouvait pas deviner à quoi était destinée cette huile qu'elle faisait livrer en grande quantité à... un fabricant de prothèses mammaires ! L'entreprise chargée de l'homologation des prothèses, elle, prenait rendez-vous très à l'avance avec PIP, ce qui permettait à cette dernière de cacher les bidons de produits non autorisés. Mais elle affirme aujourd'hui sans sourciller qu'elle n'a pas pour vocation de rechercher des fraudes.
Quant à l'Agence des produits de santé, le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'a pas agi avec la plus grande célérité. En effet en 2006 des plaintes avaient été déposées en Angleterre pour des prothèses pas assez résistantes. La même année, en France, dix-huit ruptures d'implants étaient signalées, le double l'année suivante et, en 2008, la barre des cinquante était franchie. En 2010, l'Agence s'est enfin déplacée. Sa précédente inspection remontait à 2001.
En France, 30 000 femmes ont subi l'implantation de prothèses PIP. Plus de 3 000 d'entre elles ont vécu la rupture de ces implants et la fuite du gel de silicone qui se répand dans le corps. 15 000 ont dû avoir recours à une explantation préventive. Comme on estime à 500 000 le nombre de femmes qui, dans le monde, portent ou ont porté des prothèses PIP, on peut se faire une idée des dégâts provoqués par la recherche de la rentabilité maximum.
Jean-Claude Mas, le patron de PIP, est dans le box des accusés pour tromperie aggravée et escroquerie, ainsi que quatre cadres de sa société. On présente ce patron comme un sinistre margoulin, cynique, sans remords ni scrupules, ce qu'il est sans conteste. Mais il est aussi et surtout un patron avide de profits et prêt à tout pour les voir augmenter.
Quant à ceux qui se demandent pourquoi les employés de PIP, dont ils disent qu'ils étaient au courant des malversations, n'ont pas pipé mot, la réponse est simple : parce qu'ils risquaient leur emploi et même des problèmes avec la justice. Un preuve de plus de la nécessité de lever le secret des affaires et d'imposer un contrôle des travailleurs sur le patronat.