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Mali : Union sacrée pour l'intervention militaire
Lors du débat à l'Assemblée nationale le 22 avril, il ne s'est trouvé aucun député pour voter contre la poursuite de l'intervention militaire française au Mali.
Ce vote est le premier organisé à ce sujet, car si le président de la République peut déclencher une opération militaire à l'étranger sans demander son avis aux députés, et encore moins à la population, il est quand même obligé de passer par le Parlement lorsque cette intervention dépasse les quatre mois. Mais aucun élu n'a dénoncé lors de ce scrutin le mensonge éhonté du gouvernement qui prétend que l'opération Serval a pour seul but la défense du peuple malien. Aucun ne s'est non plus élevé contre la présence des troupes françaises en Afrique. La prolongation de l'intervention a été acquise par 342 voix pour et 10 abstentions, celles des élus du Front de Gauche.
Ce débat a marqué la profonde unanimité qui lie toute la classe politique française depuis le début de l'intervention. Sur les bancs socialistes, pas une voix discordante ne s'est fait entendre. L'UMP, de son côté, a sans surprise déclaré qu'elle soutiendra par son vote la poursuite de l'opération militaire tant que celle-ci se révélera nécessaire. Elle a hypocritement fait mine de s'inquiéter de « l'extrême faiblesse de l'État malien » et de « l'absence de réconciliation nationale entre les ethnies », se déclarant soucieuse « d'apporter à ce pays ami une solution pacifique et durable ». Il est vrai qu'elle est experte en la matière, quand on voit le lamentable résultat auquel a abouti l'intervention militaire décidée par Sarkozy en Libye. Son porte-parole n'a pas non plus raté l'occasion d'appeler à un renforcement du budget de la défense. Le groupe écologiste a lui aussi voté la prolongation de l'intervention militaire sans état d'âme, ne manquant pas de « saluer le travail accompli et de témoigner d'un soutien renouvelé ».
Les députés du Front de Gauche, eux, se sont abstenus. Ce geste n'a cependant rien à voir avec une condamnation de l'intervention impérialiste de l'armée française. François Asensi, dans son explication de vote, a tout de suite expliqué : « La France a entendu l'appel à l'aide de ce peuple ami. Pour cette raison, dès janvier, nous avons apporté un soutien clair au principe d'une intervention militaire sous l'égide de la communauté internationale. » Il a seulement critiqué le fait que le gouvernement n'aurait apporté que des réponses évasives sur la durée de la présence militaire française au Mali et a conclu son intervention en disant : « Bien évidemment, nous ne voterons pas contre la poursuite de la présence des forces françaises au Mali, mais nous nous abstiendrons ».
C'est donc à juste titre que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a remercié l'ensemble des députés pour leur soutien. À l'Assemblée nationale, tous les partis, de droite comme de gauche, ont été solidaires de l'impérialisme français dans la sale guerre qu'il mène au Mali.