- Accueil
- Lutte ouvrière n°2334
- Renault - Cléon : Victime du capital, un travailleur se donne la mort à l'usine
Dans les entreprises
Renault - Cléon : Victime du capital, un travailleur se donne la mort à l'usine
Un travailleur de l'usine Renault-Cléon s'est donné la mort dans la nuit du 21 au 22 avril. Il s'est pendu dans l'atelier où il travaillait. Âgé de 35 ans, père de deux enfants, il avait été embauché en 2.000 et travaillait comme mécanicien de nuit depuis des années.
Dès lundi matin 22 avril, la hiérarchie réunissait les travailleurs, dans tous les secteurs, pour leur annoncer la nouvelle mais insistait pour dire que le geste de notre camarade n'avait rien à voir avec son travail, qu'il devait certainement avoir des problèmes personnels. Mais dans la soirée de ce même lundi, ses camarades de travail découvraient dans leur salle de repos, deux lettres de lui. L'une était à l'attention de sa femme et de ses filles, l'autre destinée à la direction, dans laquelle, il exprimait son écoeurement face à ses pressions et ses chantages multiples pour empêcher les travailleurs de faire grève.
Dans ce second courrier, il écrivait : « Merci Renault. Merci ces années de pression (...).Le droit de grève n'existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos. », allusion directe à Carlos Ghosn, le PDG du groupe.
Ce camarade s'était en effet très impliqué dans les grèves qui ont touché l'usine de fin décembre à la mi-mars. Il ne supportait pas l'injustice de la direction qui voulait imposer un recul très important des conditions de travail en supprimant 21 jours de congés collectifs, en imposant des samedis travaillés gratuitement et le blocage des salaires.
Les pressions, le chantage sont constants de la part de la hiérarchie pour que les travailleurs ne fassent pas grève. Dans le secteur de ce camarade, elle avait dit que ceux qui faisaient grève seraient mutés en équipe de jour, ce qui représente une perte de salaire d'environ 700 euros.
L'émotion dans l'usine est grande. Ce camarade était apprécié de tous. Sa joie, sa bonne humeur manquent cruellement à ses collègues. Tout le monde à l'usine ne parle que de lui et de la responsabilité manifeste de la direction. Les langues se délient et beaucoup veulent que les pressions, le chantage exercés par la direction soient dévoilés au grand jour.
Au nom du profit, le patronat exploite les travailleurs et fait tout pour qu'ils baissent la tête. Lui, il ne le supportait pas.