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- Lutte ouvrière n°2334
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Dans les entreprises
Continental - Pour des revendications et actions communes : Une initiative de sept usines
Alors que l'assemblée générale des actionnaires de Continental AG doit se tenir le 15 mai à Hanovre, des milliers de salariés de l'ensemble des usines de France ont apporté leur soutien à la motion commune mise en circulation par une partie des syndicats en vue de réclamer leur dû à la direction du groupe, en matière de garantie d'emploi et de rémunération.
JUGEMENT ET PROFITS FONT MONTER LE MECONTENTEMENT
L'initiative est venue du comité de lutte de l'usine de Clairoix, à la suite du jugement du tribunal administratif d'Amiens du 14 février, qui déclarait économiquement non justifiée la fermeture de l'usine en 2009. Basés sur l'allégation mensongère de prétendues difficultés économiques, tous les sacrifices imposés à toutes les usines, en 2009 et les années qui ont suivi, étaient donc eux aussi injustifiés.
L'annonce des résultats 2012 du groupe ont achevé de conforter les salariés dans leur bon droit. Le groupe annonçait le 7 mars 3,5 milliards de profits, des milliards de désendettement et l'augmentation de 50 % des dividendes, que devrait entériner la prochaine assemblée générale des actionnaires. En trois ans, le prix de l'action a été multiplié par dix, passant de 10 à 100 euros. La presse économique en est restée estomaquée.
Le président du directoire, conscient du caractère provocateur de ces annonces, a tenté de prévenir d'éventuelles réactions en annonçant qu'il allait reverser 100 millions d'euros aux 164 000 salariés du groupe, 900 euros pour les pays les plus riches, 450 pour les autres. Cela ne représente vraiment pas grand-chose : 2,8 % des profits de l'année. Mais pour certains dirigeants du groupe c'est encore trop. Et c'est ainsi qu'en France les directions des usines ont immédiatement annoncé que les salariés ne toucheraient pas ces malheureux 900 euros.
UNE MOTION COMMUNE A TOUTES LES USINES
C'est donc dans ce contexte que le comité de lutte de Clairoix, après l'avoir fait voter par les salariés de l'usine, a proposé à tous les syndicats de l'ensemble des usines du groupe en France de se rassembler sur une plate-forme commune. Celle-ci réclame d'abord que Continental reclasse tous les salariés de Clairoix et en attendant reprenne à sa charge leur indemnisation après Pôle emploi en 2014, le temps nécessaire pour trouver un emploi aux centaines qui en sont encore privés. Par ailleurs, elle demande pour tous les salariés qu'on leur rende ce qu'on leur a volé dans tous les domaines, en commençant par les 900 euros, et que des garanties sur l'emploi soient données pour tous.
Dans toutes les usines, un ou des syndicats se sont ralliés à cette initiative et ont demandé à tous les salariés de leur apporter leur soutien en signant la motion commune : CGT et FO pour les usines de Toulouse, Foix, Boussens, Hambach, FO pour les usines de Sarreguemines et Rambouillet, soit sept usines avec celle de Clairoix, regroupant plus de 5 000 travailleurs. Pour les 1 600 salariés de Sarreguemines se pose en plus la question du détournement de leurs poches de plusieurs milliers d'euros au titre de la participation des dernières années.
L'idée d'avoir pour la première fois une plate-forme revendicative commune à toutes les usines en France, rompant en plus avec la coupure traditionnelle entre la division Pneumatique et celle appelée Automotive (pièces pour automobiles), a plu à tout le monde, militants et travailleurs des différents sites. La direction de l'usine de Sarreguemines a mis tout son poids, y compris les menaces, pour que des syndicats se désolidarisent de cette initiative. C'est ce qu'ont fait la CGT (qui dans un premier temps avait signé la motion), puis la CFDT et la CFTC. Mais, pression ou pas, dans toutes les usines la motion a eu un considérable succès, recueillant l'appui de la majorité des salariés.
DIRECTIONS DESTABILISEES
Cela a provoqué un début de panique chez les différentes directions locales. À Sarreguemines, la prime de 900 euros annoncée à zéro est remontée à 135 euros. Puis, la grogne montant dans l'usine, la direction a anticipé et annoncé 2 140 euros au titre de la participation 2012, contre 600 l'an passé. Puis elle a encore fait monter la prime à 225 euros. À Rambouillet de zéro elle est passée à 206, pendant qu'à Toulouse elle passait de 235... à 218 euros. La direction du groupe, ayant délégué un de ses représentants il y a quelques jours à Sarregumines, reste attentiste pour l'instant.
L'idée d'une action concertée de l'ensemble des travailleurs le jour de l'assemblée générale des actionnaires le 15 mai à Hanovre rencontre de plus en plus d'adhésions. Personne ne veut en rester là. Dans plusieurs usines, en particulier à Sarreguemines, le mécontentement est palpable et pourrait déboucher sur d'autres actions.
Des contacts ont été pris avec les syndicats d'Allemagne, d'abord pour les informer, puis pour voir les initiatives communes qui pourraient être mises sur pied. En 2009, c'est l'initiative commune des syndicats allemands IG-BCE (chimie) et IG -Metall (métallurgie), aux côtés du comité de lutte de Clairoix et des syndicats de Sarreguemines, qui avait permis la manifestation internationale à Hanovre autour de Continental, qui avait rassemblé 5 000 travailleurs.