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- Lutte ouvrière n°2334
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Dans les entreprises
PSA - Aulnay-sous-Bois : Le bras de fer continue
Alors que la grève est entrée dans sa 15e semaine, les travailleurs de PSA Aulnay-sous-Bois ne lâchent rien. 200 d'entre eux sont toujours en grève, avec l'appui d'une grande majorité des 2 500 salariés de l'usine. Aucune voiture ne sort des chaînes d'assemblage.
La direction de PSA prétend maintenant vouloir négocier. Elle aimerait en particulier que la production reprenne et que la CGT renonce à son assignation en justice contre le PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi), ou ne fasse pas appel après le rendu du jugement, prévu vendredi 26 avril.
UN SIMULACRE DE NEGOCIATION
Mais de fait, dans les réunions de négociation, elle n'a répondu positivement à aucune des revendications des grévistes : le retrait de toutes les sanctions, y compris la réintégration des quatre grévistes licenciés ; l'abandon de toutes les poursuites en justice ; et la garantie qu'aucun gréviste ne sera pénalisé dans le cadre du plan social (mutations, demandes de formation, reclassements externes).
Les grévistes, échaudés par deux années ininterrompues de mensonges patronaux, demandent des garanties écrites, contresignées par le ministère du Travail, avant de discuter entre eux de la suite à donner.
LE RESPONSABLE DE SUD QUITTE LA GREVE
Le syndicat SUD-PSA Aulnay était officiellement engagé dans la grève, aux côtés de la CGT et de la CFDT, même si cela faisait quelque temps que son secrétaire n'apparaissait ni aux assemblées générales, ni aux actions engagées. Mercredi 17 avril, il a annoncé que son syndicat se retirait de la grève, prenant prétexte que lui n'avait pas été intégré aux délégations de grévistes qui se sont rendues aux réunions avec la direction de PSA. En réalité, ces délégations ont à chaque fois été élues en assemblée générale, le lieu où toutes les décisions sont discutées et prises par les grévistes.
Aucun syndicat n'était « de droit » dans une délégation : à chaque étape, les grévistes, qui se réunissent au moins une fois par jour, ont déterminé le mandat précis de la délégation et en ont choisi la composition. Ils n'ont pas voulu du secrétaire de SUD, revenu à une AG après trois semaines d'absence. Cela justifie, à ses yeux, de quitter la grève, comme si celle-ci se jouait entre SUD et la CGT, ou entre SUD et les AG ! La moitié des syndiqués de SUD ont d'ailleurs choisi de rester en grève.
D'ACTION EN ACTION
Lundi 22 avril, un rassemblement de lutte a été organisé à l'usine pour accueillir trois salariés de l'entreprise Fraisnor (Arras), en liquidation judiciaire, qui faisaient étape à l'usine de PSA Aulnay dans le cadre de leur marche vers l'Élysée pour dénoncer les promesses non tenues. Des délégations de travailleurs de l'agroalimentaire (Fralib, Danone, Pilpa...) se sont jointes à eux, autour d'un barbecue fraternel.
Mardi 23 au petit matin, les grévistes se sont rendus à l'usine PSA de Saint-Ouen. Depuis le début de la grève d'Aulnay et une précédente intrusion en janvier, la direction de l'usine de Saint-Ouen verrouille les portes à tout bout de champ, à la moindre crainte, souvent imaginaire, que les grévistes d'Aulnay arrivent. Mais cette fois-ci, c'était encore raté ! Les grévistes sont entrés par la porte et sans effraction, au nez et à la barbe des vigiles et des agents des RG, en permanence en faction. Pendant quelque deux heures, les grévistes se sont adressés aux travailleurs de l'usine.
UNE DIRECTION AUX PETITS SOINS POUR LES ACTIONNAIRES
Mercredi 24, les salariés s'étaient donné rendez-vous à l'assemblée générale des actionnaires, au siège de PSA, avenue de la Grande-Armée à Paris 16e. À cette occasion, les actionnaires devaient autoriser le PDG Philippe Varin à distribuer 30 millions d'euros d'actions aux plus hauts cadres. Ils devaient aussi permettre à PSA de racheter près de 320 millions d'euros de ses propres actions.
Le but d'un tel rachat d'actions, qui sont ensuite détruites, est d'en élever le cours, afin d'arroser les actionnaires. En février dernier, pour justifier son plan social, PSA déclarait 5 milliards de pertes, calculés grâce à un artifice comptable, et pleurait sur ses malheurs. Les actionnaires n'auront donc eu qu'à attendre le retour du printemps pour être servis. Quant à ces 350 millions, s'ils étaient partagés entre les salariés d'Aulnay, cela ferait... 140 000 euros par salarié. On est aujourd'hui loin du compte !
Ce faisant, les dirigeants de PSA alimentent aussi la colère et la détermination des travailleurs qui, dans leur quatrième mois de grève, ont encore de l'énergie à revendre !