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- Lutte ouvrière n°2334
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Hôpital Beaujon - Clichy (Hauts-de-Seine) : Contre la fermeture programmée
Mardi 9 avril, un conseil municipal extraordinaire s'est tenu en plein air devant la mairie de Clichy, regroupant plus de 200 personnes dont certaines venaient des communes environnantes. Face à la menace de fermeture de l'hôpital Beaujon de Clichy et de l'hôpital Bichat, situé dans le 18e arrondissement de Paris, le maire PS de la ville avait invité le personnel hospitalier et médical ainsi que les édiles des communes avoisinantes à s'y exprimer.
Le maire, un représentant du corps médical de Beaujon, des représentants syndicaux de Beaujon, des conseillers municipaux de diverses tendances sont intervenus contre les projets de l'Assistance publique.
En effet, depuis 2011, l'AP-HP a regroupé ses 37 hôpitaux en douze groupes hospitaliers, avec au passage suppression de services et de postes au sein de chaque hôpital. Les hôpitaux Beaujon et Bichat font partie du groupe hospitalier universitaire Paris Nord - Val-de-Seine, qui regroupe cinq hôpitaux de l'AP-HP.
Ces deux hôpitaux ne sont plus aux normes dans plusieurs domaines (sécurité incendie, plomberie, etc.). Depuis des années, les différents comités d'hygiène sécurité conditions de travail réclament la mise en oeuvre de travaux. La réponse de la direction est : c'est trop cher. Et ce ne sont pas les 155 millions d'euros d'économies que la direction de l'AP-HP projette de faire d'ici fin 2013 qui vont améliorer la situation.
La solution qu'elle a trouvée est de faire faire une étude qui « s'inscrit dans les priorités stratégiques de l'Agence régionale de santé et de l'AP-HP », à savoir « l'efficience interne des hôpitaux ». Deux hypothèses sont formulées, aussi inquiétante l'une que l'autre. La première consisterait à construire un nouvel hôpital qui regrouperait les activités de Bichat et Beaujon. Sa capacité serait de mille lits, alors qu'actuellement les deux hôpitaux offrent 1 400 lits d'hospitalisation et qu'il arrive qu'aux Urgences des patients soient dirigés dans le privé, faute de place, ou restent toute la nuit pour des soins. Avec ce projet, l'offre de soins et la proximité des soins seraient mises à mal, et bien entendu les effectifs diminueraient, ce qui est probablement le but de l'opération.
La deuxième hypothèse serait pire encore : ce serait l'ouverture d'un hôpital Nord francilien. Et tout laisse à penser qu'il pourrait s'agir d'une construction faisant appel au partenariat public privé (PPP) comme cela a été le cas pour l'hôpital Sud francilien de Corbeil-Essonnes en 2012. À l'époque, l'ouverture de cet établissement avait été retardée par des milliers de malfaçons, et aujourd'hui la direction prévoit un plan d'économies pour éponger un déficit de 27 millions d'euros : suppression de trois jours de RTT, le passage pour les services de soins à douze heures de travail par jour (contre 7 h 36 actuellement) ou encore l'ouverture de lits sans recrutements. Le montage financier PPP lie l'hôpital, qui s'est endetté auprès des banques privées pendant trente ans, à Eiffage.
La programmation de la destruction d'un hôpital au prétexte qu'il ne serait plus aux normes, alors que partout on parle d'économies, fait dire qu'il y a quelque chose qui cloche. Comme de nombreux intervenants lors de ce conseil extraordinaire l'ont dit, qu'ils soient élus locaux, syndicalistes ou militants politiques, il faudra une mobilisation générale de la population et du personnel médical et non médical des hôpitaux pour faire reculer le ministère. Car c'est la même politique qui se poursuit sous tous les gouvernements, de gauche comme de droite.