Le bal des hypocrites24/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2334.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le bal des hypocrites

Avec les manifestations des opposants au mariage homosexuel, la droite maintient la pression sur le gouvernement. Elle se pose en défenseur de la famille et des enfants : quelle bande d'hypocrites ! Oui, il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir des enfants, mais le droit au mariage et à l'adoption des homosexuels n'y est pour rien.

En France, du fait du chômage, de la précarité et des bas salaires, un enfant sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec la flexibilité, le travail en équipe et la mobilité forcée, les conditions de travail rendent la vie de famille quasi impossible. Le manque de logements sociaux contraint des millions de familles à vivre dans des taudis ou dans des chambres d'hôtel, dans des conditions indignes. Mais cette droite des beaux quartiers n'en a cure.

En plus de défendre un « ordre moral » hypocrite, elle défend l'ordre social capitaliste et les inégalités, les injustices qui vont avec. Entendre Henri Guaino, député UMP, demander à Hollande « qu'il écoute le peuple » ne manque pas de sel : il fait partie de ceux qui ont condamné des hommes et des femmes à une retraite de misère en passant en force face à des manifestations réunissant jusqu'à un million de participants !

La droite se refait une santé en enfourchant le cheval de bataille du mariage homosexuel. Dans son sillage, il y a aussi la droite extrême qui pousse à la radicalisation. De la même façon que les députés UMP ont manifesté à côté de Collard, député du FN, la jeunesse dorée de droite ne se gêne plus pour manifester bras dessus bras dessous avec les jeunes d'extrême droite. Et ensemble, ils se sentent pousser des ailes.

Ces gens-là sont politiquement et socialement des ennemis des travailleurs. Ils essayent de tirer profit de la déconsidération de Hollande et de son gouvernement, aggravée encore par l'affaire Cahuzac. Ce sont pourtant les travailleurs qui ont toutes les raisons de se sentir trompés, trahis par les socialistes au pouvoir.

Le gouvernement a trahi ses maigres promesses, il laisse le patronat licencier à tour de bras, il laisse le chômage flamber. Même politique d'austérité que Sarkozy, mêmes attaques sur les retraites, même augmentation de la TVA, même discours où l'on nous dit qu'il n'y a plus d'argent pour les hôpitaux, pour les services publics !

Les travailleurs constatent amèrement que leurs conditions de vie s'aggravent et que le gouvernement n'a d'yeux que pour le grand patronat, à qui il a octroyé 20 milliards par an au nom de la compétitivité et à qui il vient de faire un nouveau cadeau : la loi sur la flexibilité.

Hollande n'est qu'une marionnette dans les mains du grand patronat : beaucoup de travailleurs le constatent et ceux qui avaient des illusions en reviennent. Mais le risque existe que les plus écoeurés et les moins conscients se jettent dans de nouvelles illusions.

Marine Le Pen n'attend que cela. C'est une démagogue qui veut ajouter à son électorat réactionnaire des électeurs venus des classes populaires car elle veut, elle aussi, aller à la mangeoire.

Derrière sa défense de « la veuve et de l'orphelin » - à condition qu'ils soient français -, le FN est un parti qui gouvernerait au profit du grand patronat dans sa variante la plus autoritaire. Il représente un danger mortel pour les travailleurs.

Il ne faut pas laisser les beaux quartiers et les fils à papa prétendre parler au nom du peuple. Ils s'en tiennent encore à proclamer « leur vision de la civilisation », mais demain ils voudront nous imposer leur loi.

Et ce sera la loi des nantis, habitués qu'ils sont à être servis sur un plateau. Les mêmes prêcheront aux travailleurs les sacrifices à faire, ils s'opposeront aux grévistes, les accusant de prendre la population en otage, ils combattront les syndicats.

Il faut qu'en face les travailleurs réagissent sur leur terrain et qu'ils montrent à tous ceux qui se gargarisent du mot « peuple » que c'est le monde du travail qui fait tourner l'économie et qu'il peut aussi se battre pour ses intérêts.

La droite et les privilégiés ont sauté sur un prétexte pour combattre le gouvernement ; les travailleurs, eux, ont de vraies raisons de le faire, car il s'agit de la défense de leur emploi, de leur salaire, de leur retraite, de leur droit à la vie.

Cela exige que les travailleurs se battent contre le grand patronat, leur ennemi direct, mais aussi contre ses serviteurs politiques, contre ceux qui gouvernent aujourd'hui et ceux qui rêvent de gouverner demain.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 22 avril

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