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- Lutte ouvrière n°2334
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Dans les entreprises
Lisi - Delle (Territoire de Belfort) : Grève contre le blocage des salaires
Chez Lisi à Delle, où 260 travailleurs fabriquent et expédient des vis et des fixations pour l'automobile, principalement pour Peugeot, la direction générale avait pensé terminer les négociations annuelles obligatoires (NAO) le 16 avril en maintenant sa décision de bloquer les salaires en 2013 : 0 % d'augmentation pour toutes les usines du groupe. Elle n'avait pas prévu la colère qui couvait parmi des ouvrières et des ouvriers qui gagnent autour de 1 200 euros par mois au bout de vingt ou trente ans d'ancienneté.
C'est la « Kohler », disent beaucoup en reprenant ainsi le nom de leur PDG, issu d'une dynastie d'exploiteurs de la région liés directement à la famille Peugeot. En 2012, il a reçu un salaire annuel de plus de 461 000 euros, auquel se seront ajoutés 117 230 euros de valorisation d'actions, soit une augmentation de son revenu de PDG de 82 000 euros par rapport à 2011, 16,5 % ! Ce sont ces gens-là qui mentent comme ils respirent quand ils disent qu'ils sont en train de perdre de l'argent, et il faudrait que les travailleurs augmentent encore les efforts pour « remonter » les finances de Lisi, qui dans le sillage des Renault et Peugeot n'en a jamais assez ! D'ailleurs, la famille Peugeot (FFP) est un important actionnaire du groupe Lisi. Deux Peugeot, Thierry et Christian, font même partie du conseil d'administration.
Le lendemain de la diffusion des résultats, nuls, de ces NAO, et malgré les discours suppliants des directeurs pour que les travailleurs acceptent tous les sacrifices, la grève a démarré, suivie par la majorité de celles et ceux qui sont en production et sur machines.
Les grévistes, avec les délégués CGT et CFDT, ont décidé de bloquer les expéditions vers les donneurs d'ordres (Peugeot Sochaux, Mulhouse, Trémery, etc.) et de s'installer à une entrée jour et nuit. Au cinquième jour de grève, et après un week-end où les grévistes ont montré leur volonté de tenir, la direction a rouvert les négociations avec les représentants syndicaux d'autres usines du groupe. La revendication était alors 35 euros brut, tout de suite et sans conditions d'amélioration des résultats.
Finalement, après la proposition de 15 euros brut au 1er mai, et 10 euros brut au 1er juillet à condition que le taux de rendement augmente bien de 1 % au premier semestre comme prévu, la reprise du travail a été votée. Tous disaient qu'un tel semblant d'augmentation n'allait pas beaucoup se voir sur la paie, mais la plupart sont fiers d'avoir réagi collectivement, par la grève, à la volonté de leurs patrons d'écraser les salaires. Surtout que ces voraces ont demandé aux syndicats d'engager en juin des négociations pour un accord de compétitivité portant sur la durée et la flexibilité du temps de travail. Et là-dessus, pas d'accord !