- Accueil
- Lutte ouvrière n°2334
- Prix du lait : Les capitalistes du secteur traînent des pieds
Leur société
Prix du lait : Les capitalistes du secteur traînent des pieds
Le gouvernement pensait être enfin parvenu à convaincre les capitalistes de la grande distribution d'augmenter le prix payé aux producteurs de lait. C'est ce qu'avait annoncé le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, lors d'un déplacement en Bretagne, vendredi 19 avril. Mais le démenti ne se fit pas attendre : la FCD, la fédération patronale regroupant Auchan, Carrefour, Casino et Cora, répondit quelques heures plus tard que « les demandes du gouvernement sur une hausse du prix du lait [étaient] prématurées ».
Ces demandes étaient pourtant plus que limitées : Le Foll assurait qu'il « était possible et souhaitable de revaloriser d'au moins 25 euros pour 1 000 litres le prix du lait payé aux producteurs pour les mois d'avril, mai et juin sur l'ensemble des laits produits en France ». Une telle augmentation de 2,5 centimes d'euros par litre est inférieure à ce dont les éleveurs ont besoin pour vivre décemment de leur travail. Ces derniers demandent en outre qu'elle ne soit pas limitée à trois mois, mais maintenue sur l'année entière pour compenser les hausses de prix des aliments pour le bétail.
Mais les grands distributeurs n'ont pas apprécié que le gouvernement leur demande de payer un peu plus cher pour l'ensemble des laits produits en France. La plupart d'entre eux se disent prêts à envisager une telle hausse des prix, mais uniquement sur le lait de consommation, qui ne représente qu'une petite partie (10 % environ) du lait collecté. Pour le lait transformé (en yaourts, fromages, etc.), ils demandent que les industriels du secteur fassent eux aussi un effort.
La dernière proposition d'Auchan, faite vendredi 19 avril au soir, est une augmentation de trois centimes pendant trois mois pour le lait de consommation, et de 0,5 centime seulement pour le lait utilisé dans les produits transformés. Auchan demande aux industriels de compléter la hausse à hauteur de 1,5 centime par litre. Pour justifier cette proposition largement insuffisante, Auchan se pose en défenseur du pouvoir d'achat des Français. De leur côté, les industriels comme Lactalis font du chantage à l'emploi, affirmant que leur secteur va mal avec « près de 1 000 postes supprimés [et] des plans sociaux en cours ». Ces capitalistes richissimes s'entendent comme larrons en foire pour lanterner les éleveurs et pour limiter le plus possible l'augmentation qu'ils devront peut-être finir par leur accorder.