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Leur société
Cours de morale à l'école : À défaut d'enseignants...
Après avoir planché six mois sur le projet, le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon a annoncé que des cours de morale seront donnés à tous les élèves à partir de la rentrée de 2015, à raison d'une heure par semaine dans le primaire et les collèges, et de 18 heures annuelles dans les lycées.
Selon le ministre, cet « enseignement laïque de la morale » consistera en « un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité ». Visiblement, Peillon a trouvé un sujet sur lequel faire parler de lui en espérant rencontrer un consensus. Parents et professeurs souhaitent tous que les établissements scolaires soient des lieux où les jeunes puissent acquérir des connaissances dans la joie et la bonne humeur. Les enseignants n'ont d'ailleurs pas attendu Peillon et sa morale pour inculquer aux élèves les comportements qu'ils doivent avoir dans la vie sociale, et il en va de même des parents.
Mais comment croire un instant que des cours de morale officiellement institués seront la potion magique permettant de mettre fin aux violences, aux dégradations, aux rackets, à l'irruption de bandes venant régler leurs comptes avec des élèves de bandes rivales, en bref aux incivilités qui se multiplient et aux brutalités qui deviennent insupportables ?
La dégradation des rapports sociaux en milieu scolaire va de pair avec celle d'une société qui place l'argent en valeur suprême et laisse les plus faibles à l'abandon, à commencer par les jeunes des cités dont certains tombent dans la délinquance.
Peillon voudrait que son annonce relègue à l'arrière-plan les réactions de mécontentement que suscitent le manque d'enseignants, de remplaçants, et la modification des rythmes scolaires. Mais s'il veut que sa « morale républicaine » soit crédible, qu'il commence déjà par cesser de mentir à propos des dizaines de milliers de postes qu'il prétend créer, alors que la majorité d'entre eux concerne des enseignants déjà en place... sous une autre appellation.