Centrales nucléaires : EDF, électron libre du temps de travail10/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2297.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centrales nucléaires : EDF, électron libre du temps de travail

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de dénoncer dans un rapport les innombrables infractions à la législation du travail qu'elle a constatées dans les centrales nucléaires lors d'inspections inopinées.

Le tableau est effarant : travail dissimulé, temps de repos non respectés, des semaines de travail plus proches de 65 heures que des 35 heures, des journées de 12 ou 14 heures d'affilée... les infractions relevées sont légion et inquiétantes quand il s'agit du travail dans les centrales nucléaires où cela peut, en plus, avoir des conséquences en termes de sécurité.

L'ASN évoque le rapport sur l'accident de la navette Challenger en 1986 qui, outre un problème sur un joint défectueux, pointait des problèmes de vigilance après des heures excessives de travail. La direction d'EDF évoque « un personnel motivé et impliqué, qui ne compte pas ses heures » (sic), mais les CHS-CT, eux, dénoncent « le foisonnement des activités et leur atomisation ».

Dans toutes les centrales du pays, la situation est la même. Dix-neuf ont fait l'objet d'un contrôle. L'ASN note que les infractions relevées « mettent en évidence, sur l'ensemble du parc en exploitation, des dépassements parfois extrêmement importants des limites des différentes durées réglementaires du travail, et des insuffisances de repos caractérisées ». Le code du travail exige le respect d'une durée de travail maximale quotidienne de dix heures, un repos quotidien minimum de onze heures, 24 heures pour le repos hebdomadaire, et une durée moyenne hebdomadaire de travail ne dépassant pas 44 heures sur douze semaines consécutives. EDF dans ses centrales est très loin du compte.

L'ASN demande instamment à EDF de mettre en place « un dispositif fiable et infalsifiable de relevés d'horaire de travail effectif, comme le prévoit la réglementation ». C'est dire l'ampleur du problème, qui est bien connu. En effet, pour mettre en évidence les falsifications d'EDF, les inspecteurs ont croisé les informations de pointage déclarées pour l'établissement des paies avec le détecteur de présence, destiné à la sécurité, par le biais des badges d'accès (le système KKK). Les écarts entre les deux systèmes de pointage sont impressionnants, aux dires de l'ASN.

Les dépassements d'horaires sont dus au manque de personnel EDF et sous-traitant, et à la course à la rentabilité, avec des arrêts de réacteur toujours plus courts pour les opérations de maintenance, afin de produire le maximum de courant possible.

Le coup de gueule de l'ASN ne suffira pas à remédier à cette situation. Il faudrait embaucher massivement et réintégrer la sous-traitance sous statut EDF, ce qui n'est pas dans l'air du temps.

Après Fukushima, EDF veut se montrer rassurante et explique qu'en France un tel type de catastrophe n'est pas possible. Le tsunami n'est certes pas le danger qui guette, mais la recherche maximum de profit d'une entreprise capitaliste, avec tout ce que cela comporte comme prise de risques, en France comme au Japon, est elle bien présente.

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