GDF Suez va extorquer 290 millions d'euros supplémentaires au titre de « rattrapage » à ses sept millions d'abonnés au gaz. Dans un communiqué, le groupe précise que chaque foyer ne se verra ponctionner « que » de 38 euros en moyenne. Mais ce n'est qu'une moyenne. Dans ce communiqué, où l'hypocrisie se mêle à la condescendance, GDF Suez précise que le groupe va facturer ses clients « sur une durée permettant de réduire l'impact sur leur pouvoir d'achat », et que le paiement sera étalé jusqu'en juin 2014. Quelle bonté !

Ce vol de 290 millions a pu se faire grâce à la bienveillance du Conseil d'État, qui vient d'annuler l'arrêté de septembre 2011 gelant les tarifs du gaz, pris par le gouvernement Fillon en pleine campagne électorale. Cette décision a permis la révision rétroactive des tarifs du gaz pour la période allant d'octobre 2011 au 1er janvier 2012. La propagande de GDF Suez, prétendant que les tarifs du gaz ne lui permettaient pas de couvrir ses frais, a donc porté ses fruits. Pourtant, c'est un mensonge. La preuve est dans le montant du bénéfice déclaré : 2,3 milliards d'euros, simplement pour le second semestre 2011.

Le groupe ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Contestant la décision du gouvernement Ayrault, qui a fixé à 2 % la hausse du prix du gaz au 1er juillet, alors que l'autorité du secteur, la Commission de régulation de l'énergie, préconise une hausse de 7,3 %, le PDG et le directeur général de GDF Suez envisageraient de nouveau de contester auprès du Conseil d'État, et « de mettre en oeuvre les recours appropriés » contre le plafonnement des tarifs.

On se demande en effet ce qui les retiendrait.