Roumanie : Sur fond de crise et d'austérité, président et premier ministre se renvoient la balle10/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2297.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Roumanie : Sur fond de crise et d'austérité, président et premier ministre se renvoient la balle

Le 29 juillet, en Roumanie, un référendum était organisé sur la destitution de l'actuel président de la République, Traian Basescu, membre du Parti national libéral de droite. 87 % des votants se sont exprimés pour sa destitution, mais le référendum anti-Basescu n'a pas été validé, faute d'avoir atteint le quorum de 50 % des votants. Basescu semble donc pouvoir conserver le pouvoir face au gouvernement du Premier ministre socialiste Antonescu, qui avait décidé ce référendum. Antonescu a demandé aux maires de toutes les communes de revoir les listes électorales et de recompter tous les bulletins de vote.

C'est en avril dernier qu'un vote au Parlement a contraint le gouvernement de droite à démissionner : depuis lors, le président Basescu a dû cohabiter avec un Premier ministre socialiste, issu d'une coalition sociale-libérale, dans l'attente de nouvelles élections législatives prévues en novembre. Accusations et affrontements entre les deux clans se sont multipliés : Basescu est accusé d'avoir placé ses amis à tous les postes, Antonescu de vouloir aider à faire sortir de prison l'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle, condamné pour détournement d'argent public à des fins électorales.

Cette crise politique se produit alors que les conditions d'existence de la population roumaine ne cessent de se détériorer. Durement frappée par la crise, la Roumanie a été contrainte depuis 2009 d'emprunter 25 milliards d'euros auprès du FMI ou de l'Union européenne, en échange de mesures d'austérité violentes : baisse des salaires du secteur public de 25 %, des retraites de 15 %, hausse de la TVA de cinq points... tout cela accélérant la baisse générale du pouvoir d'achat de salaires qui sont en général de l'ordre de 200 à 300 euros. En janvier dernier, l'annonce de nouvelles attaques contre les services de santé a mis le feu aux poudres : des manifestations ont éclaté dans tout le pays contre la politique d'austérité. Après plusieurs semaines le gouvernement Basescu avait dû reculer partiellement, mais il payait sa politique d'une impopularité grandissante.

En cherchant à obtenir la destitution de Basescu, le Premier ministre socialiste cherche à le désigner comme responsable de la situation économique catastrophique et à en faire la cible du mécontentement. Il prépare les élections législatives de novembre. Mais, en concentrant ses attaques contre la personne de Basescu, la coalition sociale-libérale évite de dire clairement ce qu'elle ferait pour empêcher que ce soient les travailleurs et la population pauvre qui paient les conséquences de la crise économique qui frappe la Roumanie. Et pour cause : elle n'a rien d'autre à proposer.

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