Syrie : La préparation de l'après-Assad10/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2297.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : La préparation de l'après-Assad

En Syrie, le régime d'Assad a enregistré de nouvelles défections spectaculaires, de la présentatrice vedette de la radio-télévision d'État au Premier ministre nommé par Assad il y a seulement deux mois, en passant par le premier cosmonaute syrien, par ailleurs général de l'armée de l'air.

Sur le terrain, les combats continuent et l'issue de la guerre entre les troupes loyalistes d'Assad et celles des opposants reste incertaine. Le pouvoir affirme avoir repris le contrôle de Damas, la capitale. Mais des combats se poursuivent dans les quartiers périphériques, et même, sous forme d'actions de commando, au coeur de la ville. À Alep, quinze jours de bombardements meurtriers pour la population n'ont pas, jusqu'à maintenant, réussi à déloger les insurgés des quartiers qu'ils contrôlent. Mais vingt mille soldats d'Assad, encerclant la ville, s'apprêteraient à l'investir.

Les puissances impérialistes -- France, Grande-Bretagne, États-Unis -- excluent toujours, en principe, toute intervention militaire directe, en arguant de l'opposition de la Chine et de la Russie. Mais elles n'en jouent pas moins de plus en plus officiellement la carte de la chute du régime. La presse américaine a fait récemment état d'une directive secrète, mais opportunément diffusée, signée d'Obama, « permettant à ses services secrets d'accroître leur effort pour un renversement de Bachar al-Assad ». Après avoir longtemps misé sur la solidité du régime d'Assad, les gouvernements occidentaux sont maintenant convaincus que celui-ci finira par s'écrouler, et qu'il faut donc préparer politiquement l'après-Assad. Leur problème est maintenant d'identifier quel gouvernement et surtout quel appareil d'État, avec quelles forces armées, pourraient réussir à contrôler la situation dans une telle hypothèse.

Les gouvernements occidentaux et leurs alliés turc et saoudien refusent jusqu'à présent de répondre aux demandes pressantes des combattants de l'Armée syrienne libre qui leur réclament des armes lourdes, missiles sol-air et tanks. Ils craignent notamment de voir ces armes tomber aux mains de forces qui leur seraient hostiles, comme en Afghanistan dans le passé, et plus récemment en Libye. L'Armée libre de Syrie reste un ensemble de groupes armés locaux plus ou moins indépendants, voire concurrents, et non une armée unifiée et disciplinée, sous les ordres d'un commandement unique qui serait fiable pour les Occidentaux. Mais cela pourrait changer rapidement si une autorité politique s'imposait à sa tête. C'est visiblement ce qu'espèrent certains, en facilitant la sortie de Syrie de dirigeants politiques ou militaires tels que le dernier Premier ministre.

Mais cela annonce aussi, dès à présent, que le changement politique qui pourrait se produire dans ces conditions après la chute d'Assad répondra bien plus aux intérêts de l'impérialisme qu'aux aspirations du peuple syrien.

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