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Grèce : Spéculer, spéculer, il en restera toujours quelque chose
Lundi 12 mars, les ministres des Finances de la zone euro ont annoncé la signature imminente du plan d'aide à la Grèce. Il s'agit d'un prêt de 130 milliards d'euros, auquel le Fonds monétaire international (FMI) devrait participer pour un montant de 28 milliards, ce qui ne devait être confirmé que le jeudi 15 mars.
Pour finaliser ce plan, les créanciers publics (Union européenne et Banque centrale européenne, alliées au FMI) attendaient que le gouvernement grec ait obtenu de ses créanciers privés (banques, fonds de pension, etc.) qu'ils acceptent d'effacer 107 milliards de la dette qu'ils détiennent sur l'État grec. Ce qui fut fait le vendredi 9 mars. Les marchés financiers avaient un peu joué à se faire peur, mais tout rentrait dans le rang. Le lendemain, Le Figaro titrait « Le sauvetage de la Grèce redonne espoir à l'Europe ».
Ce sauvetage est, comme pour les plans précédents, un sauvetage des banques. Bien sûr, on évoque dans la presse la « potion amère », en particulier pour les banques françaises, puisque les créanciers vont échanger leurs obligations actuelles en renonçant à 53 % de leur valeur nominale. Mais échanger des titres sans valeur contre d'autres supposés plus fiables, du moins pour le moment, ce n'est pas la pire des situations. D'ailleurs les banques s'y attendaient et cela ne les a pas empêchées de faire des bénéfices, dont six milliards d'euros pour la BNP par exemple.
L'essentiel, pour le monde de la finance, est tout de même que la Grèce va honorer son échéance de 14 milliards d'euros le 20 mars. La faillite officielle est repoussée à plus tard. Quant aux possesseurs de CDS, ces contrats qui permettent à un créancier d'être remboursé par un tiers si le débiteur n'honore pas ses dettes, ils ne seront pas lésés non plus dans l'opération qui vient d'avoir lieu. En effet, comme les organismes financiers qui ont « spontanément » apporté leurs titres à l'échange ne représentaient que 85,3 % de la dette, le gouvernement d'Athènes a fait jouer une clause obligeant les récalcitrants, détenteurs d'obligations sous droit grec, à échanger leurs titres. Pour les agences de notation, il s'agit d'un « défaut », une sorte de demi-faillite, qui permet de déclencher le paiement des CDS. On évoque une somme en dessous de trois milliards, mais personne ne sait exactement combien d'argent est en jeu.
Qu'ils aient parié sur la faillite ou contre elle, ou les deux, car un bon spéculateur ne met pas tous ses oeufs dans le même panier, les banquiers sont donc gagnants.