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- Lutte ouvrière n°2276
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Fonderie du Poitou-Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : Emplois toujours menacés - les patrons, il faudra les contraindre !
Mercredi 14 mars, le Tribunal de commerce de Nanterre devait une nouvelle fois se pencher sur la situation de la Fonderie du Poitou Aluminium d'Ingrandes-sur-Vienne, près de cinq mois après que son propriétaire, le groupe Montupet, se fut déclaré en cessation de paiement. En cet automne 2011, la fonderie sortait d'une grève de huit semaines, au terme de laquelle les patrons avaient dû remballer leur plan de « compétitivité » prévoyant une baisse de 25 % des salaires.
Depuis, sous le régime précaire du redressement judiciaire, l'activité continue, avec en permanence la menace de voir le tribunal prononcer la liquidation pure et simple.
Le 14 mars, le tribunal devait faire le point sur les projets de reprise émanant de divers groupes oeuvrant dans la fonderie, du français Arche au nord-américain Sekco, en passant par GMD ou Saint-Jean Industries. Montupet lui-même, dont le nom seul provoque les huées des travailleurs de la fonderie, a osé déposer un projet de continuation d'activité, projet dont les fondeurs ne veulent même pas entendre parler.
Selon l'administratrice, l'ultime audience du tribunal qui devrait sceller l'avenir de la fonderie est fixée au 11 avril. Le problème, c'est que jusqu'à présent Renault, donneur d'ordres principal et ancien propriétaire de la fonderie, n'a pas donné un volume de commandes suffisant pour faire tourner la fonderie à son régime de croisière. Il n'a pas davantage garanti pour les années à venir une charge suffisante pour que les repreneurs potentiels y trouvent leur content de profits et confirment leurs offres.
Dans les rangs des travailleurs, l'exaspération monte. On a en effet de plus en plus le sentiment d'une connivence entre Renault et les politiciens en place pour faire traîner les choses jusqu'aux élections, avant de laisser les mains libres aux licencieurs aussitôt après. Évidemment, tous savent bien que la fermeture de la fonderie dans cette région châtelleraudaise durement frappée par le chômage secouerait une population qui s'était montrée très solidaire de la longue grève des fondeurs. Et les Raffarin, Abelin -- le député-maire Nouveau centre de Châtellerault -- et les autres notables de la droite locale voudraient bien ne pas en subir le discrédit.
Invités par l'intersyndicale à une conférence de presse à la fonderie mercredi 7 mars, le maire de Châtellerault, le président du Conseil général, le représentant de Raffarin ont tous clamé leur volonté de voir la fonderie continuer, et salué la lutte « exemplaire » des travailleurs. Mais évidemment, ils n'ont pas expliqué comment leurs platoniques exhortations allaient bien pouvoir convaincre Renault ou un quelconque repreneur de garantir les emplois et les salaires.
Quant aux représentants de Ségolène Royal, des Verts, du PS ou du PCF, s'ils ont apporté leur soutien à la revendication d'une reprise directe de la fonderie par Renault, ils se sont bien gardés de se prononcer sur quelque mesure contraignante à l'encontre du patronat comme l'interdiction pure et simple des licenciements.
En descendant à plusieurs centaines dans les rues de Châtellerault lors de la manifestation syndicale du 29 février, en se mettant en grève deux jours les 7 et 8 mars, puis en prévoyant de remplir sept cars pour se rendre à Nanterre mercredi 14, les travailleurs de la fonderie montrent qu'ils comptent avant tout sur leur force collective et leur mobilisation pour défendre leur avenir. Et qu'ils n'acceptent pas que leurs emplois, leurs salaires, leur vie, soient à la merci des appétits de financiers en quête de placements profitables, et des tractations secrètes qui les accompagnent.