- Accueil
- Lutte ouvrière n°2276
- AZF : L'enchaînement des faits et les responsabilités patronales
Dans les entreprises
AZF : L'enchaînement des faits et les responsabilités patronales
À l'usine AZF, un ouvrier sous-traitant était chargé de préparer les sacs usagés pour le recyclage. En rentrant de vacances, il trouve plus de 2 000 sacs accumulés, et on le somme de les préparer très rapidement. Depuis peu, la collecte des sacs a été étendue à toute l'usine, permettant ainsi le croisement de deux types de produits pourtant incompatibles, les ammonitrates et les dérivés chlorés. D'autre part, les sacs ne sont pas correctement vidés, et cet ouvrier doit donc les vider avant de les laver. Pris par le temps, il décide alors de vider tous les sacs dans une même benne. Le matin de l'explosion, il demande et obtient l'autorisation de vider le contenu de cette benne dans le sas du hangar 221 (la « poubelle » de l'usine), où il y a déjà une dizaine de tonnes d'ammonitrates déclassés. Un quart d'heure après les 300 tonnes d'ammonitrates du hangar 221 explosent, provoquant la plus grande catastrophe industrielle de l'après-guerre en France.
L'enquête a également démontré comment de multiples fautes organisationnelles ont provoqué cette dramatique erreur : une première faute caractérisée dans la gestion des nitrates déclassés au hangar 221, au mépris d'un arrêté préfectoral ; une deuxième faute dans la gestion du recyclage des déchets, puisqu'il autorisait (par écrit !) le croisement de produits incompatibles ; et une troisième faute dans la gestion des sociétés sous-traitantes par le maître d'oeuvre Grande-Paroisse, les contrats commerciaux ne prévenant pas des risques chimiques, et la formation au danger chimique n'étant pas assurée pour les salariés.
Comme l'a dit un ouvrier à la barre : « Le patron se souciait beaucoup plus de la sécurité de la production que de celle de la gestion des déchets. Et c'est la poubelle de l'usine qui a explosé. Quel patron se soucie de sa poubelle ? »