À l'occasion de la journée internationale des femmes du 8 mars, des femmes arabes ont publié un Manifeste pour la démocratie, la dignité et l'égalité. Un an après le Printemps arabe qui a chassé plusieurs dictateurs, ce manifeste et des témoignages de femmes sont là pour rappeler que le vent de liberté qui a soufflé n'a pas changé la société.

Dans leur manifeste, les femmes arabes dénoncent les codes de la famille, en vigueur dans la plupart des pays, qui font des femmes d'éternelles mineures, ainsi que « toutes les lois qui violent les droits les plus élémentaires des femmes et des fillettes par l'usage de la polygamie, le mariage des mineures, les inégalités en matière de mariage, de divorce, de tutelle sur les enfants ou encore l'accès à la propriété et à l'héritage », ainsi que les « crimes d'honneur », permettant à un membre de la famille d'assassiner une femme avec une quasi-impunité.

Les témoignages de différentes femmes sont aussi accablants sur le rôle que jouent les groupes religieux réactionnaires dans les pays où la population s'est soulevée contre les régimes en place. En Tunisie, dans nombre de villes, des groupes de salafistes cherchent à imposer leur loi par la terreur, à commencer par des attaques contre les femmes qui refusent de se plier à leurs codes religieux. En Égypte, c'est dans l'appareil d'État que les religieux agissent impunément. Des femmes manifestant contre le pouvoir des militaires ont été arrêtées, dénudées et ont subi des tests de virginité infamants. Une d'entre elles, qui a osé porter plainte contre ces pratiques, fait l'objet de menaces de mort.

Il y a certes le mépris des femmes, propre à tous les extrémistes religieux, quelle que soit leur confession. Mais, en Tunisie et surtout en Égypte, il s'agit aussi simplement de s'en prendre à qui ose continuer à manifester contre le régime en place.

L'influence des groupes religieux, la façon dont ils s'en prennent aux femmes sont non seulement un signe de régression sociale mais aussi une arme dirigée contre tous ceux qui refusent de se résigner.