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Martinique : Face à l'intransigeance patronale, les dockers continuent leur lutte
En Martinique, les 126 dockers du port de Fort-de-France sont en lutte depuis le 4 février. Ils réclament une augmentation de salaire de 5 %, après trois années sans renégociations. La direction de Gemo (Groupement d'employeurs de main-d'oeuvre) leur a proposé 2,1 % et a rompu les négociations.
Face à cette situation, les dockers ont décidé de travailler au ralenti, ce qui a occasionné un engorgement des containers sur le port, puis le déroutement des bateaux vers les îles voisines.
La réaction des gros possédants fut vive et immédiate. D'abord plusieurs dockers furent traduits en justice par leur patron. Le 16 février, le ralentissement des opérations fut assimilé par le tribunal de grande instance à une grève perlée et déclaré illégal. Neuf dockers furent condamnés à 10 000 euros d'astreinte par jour si le mouvement continuait sous cette forme. Et depuis, le 19 février, les patrons ont décidé de lock-outer tous les ouvriers.
Les associations patronales ont fait un véritable matraquage médiatique sur les radios et télés, dénonçant l'irresponsabilité des dockers... au nom de l'intérêt du développement de l'économie martiniquaise. Le 9 février, les organisations patronales sous l'égide du Medef, de la CGPME, du SGDA (grande distribution), de l'AMPI (petites et moyennes entreprises), de Banamart (association de planteurs de bananes) tenaient une conférence de presse lors de laquelle elles affichaient tout leur mépris vis-à-vis des dockers. Le président du Medef estimait les 2,1 % d'augmentation nettement suffisants pour des salariés déjà « privilégiés par rapport aux autres salariés martiniquais », tandis que le président de la CGPME jugeait les 5 % d'augmentation comme une revendication « indécente ».
Puis le relais a été pris par les présidents des Chambres consulaires, ceux de la Chambre de métiers, de l'agriculture, et Manuel Baudouin de la CCI en tête, qui ont été chercher les élus pour les mettre à leur service. Ainsi, le 17 février, les présidents des Chambres consulaires, un élu du PPM représentant la Région et deux sénateurs apparentés à la gauche, Larcher et Lise, se sont retrouvés dans une véritable union sacrée « pour la défense de l'économie de la Martinique » lors d'une conférence de presse.
Mais malgré ces tapages et dénigrements, les dockers n'ont pas été ébranlés. D'ailleurs un de leurs représentants, après avoir expliqué quelles sont leurs conditions de travail, et les primes qu'ils ont en compensation, répondait à la presse : « Le chef de file des manutentionnaires, leur patron, touche lui plus de 30 000 euros par mois. Lequel est le privilégié ? »
Les dockers ont reçu le soutien de la centrale syndicale CGTM et des motions de solidarité des salariés CGTM de la santé, du bâtiment et de l'agriculture. Et certains auditeurs participant à des émissions radio critiquaient le fait qu'on s'en prenne ainsi aux dockers, disant qu'eux aussi auraient bien aimé gagner 4 000 euros pour pouvoir finir leurs mois sans trop de difficultés.
Lundi 21 février, après un premier round de négociations, les dockers se sont prononcés en assemblée générale sur le port. Leurs délégués avaient accepté de baisser leur revendication à 3 %, avec une prime de compensation de fin de conflit s'élevant à 750 euros par docker. Mais les patrons ne veulent rien entendre. Les dockers ont donc décidé de poursuivre leur mouvement.