Bahreïn : La répression n'a pas brisé la colère des manifestants23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Bahreïn : La répression n'a pas brisé la colère des manifestants

Depuis le 14 février, la colère de la population a éclaté contre le dictateur du Bahreïn, al-Khalifa. La monarchie de cette île du Golfe persique a longtemps assis sa prospérité sur la manne du pétrole découvert en 1932, mais avec le temps, et notamment après la guerre civile libanaise de 1976, elle s'est plutôt transformée en place financière et immobilière sur le modèle de Dubaï.

En février 2010, une ONG avait dénoncé l'usage courant de la torture par la police contre les opposants. L'été dernier, le gouvernement avait emprisonné 450 opposants, militants des droits de l'Homme ou religieux, qui protestaient contre la torture. 25 d'entre eux furent condamnés et certains accusés d'avoir préparé un coup d'État.

La chute des dictateurs de Tunisie et d'Égypte a évidemment donné envie à la population du Bahreïn de régler ses comptes avec un régime détesté mais le choix de la date du 14 février n'est pas un hasard. Depuis neuf ans, suite à un référendum, le roi a mis en place une monarchie constitutionnelle qui n'a pas changé grand-chose, lui donnant le titre de Premier ministre mais laissant le pouvoir réel entre ses mains. Une chambre haute, dont les membres sont appointés par lui, peut mettre son veto à toute loi passée par les députés.

La manifestation du 14 février a été réprimée, un des manifestants tué dans le dos. Le lendemain, la police abattait une personne présente à ses funérailles. Le roi est venu hypocritement exprimer des regrets à la télévision en promettant une commission d'enquête et de verser à chaque famille 2 650 dollars. Puis des milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la grande place de la Perle, au centre de la capitale Manama. À 3 heures du matin, la police a attaqué les manifestants endormis, tuant quatre d'entre eux et en blessant une centaine.

Vendredi 18 février, la population qui marchait à nouveau vers la place de la Perle après un enterrement a été attaquée par l'armée qui avait déployé tanks et véhicules blindés. Mais la foule n'a pas été impressionnée et jusqu'à présent le pouvoir a été contraint de tolérer l'occupation de la place de la Perle, où les manifestants continuent de réclamer la démission de al-Khalifa au pouvoir depuis 1971, la libération de tous les prisonniers politiques, la fin de la torture, la révision des lois sur la citoyenneté, la liberté de presse et de religion, et un accès à l'emploi ou au logement non discriminatoire. En effet, sur quelque 1,2 million de Bahreïnis, 70 % sont des musulmans d'obédience chiite, or la dynastie al-Khalifa qui règne depuis deux siècles sur le pays est sunnite et le régime a constamment discriminé les chiites.

Face aux manifestants, la dictature, son recours à la répression ont inévitablement débouché sur une mise en cause du régime lui-même

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