Cour des comptes : De l'UMP au PS, de Séguin à Migaud, la continuité23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Cour des comptes : De l'UMP au PS, de Séguin à Migaud, la continuité

Le rapport annuel de la Cour des comptes est le premier à avoir été entièrement préparé sous la direction de Didier Migaud, député PS qui a été choisi par Sarkozy pour la présider, en remplacement de Philippe Séguin, UMP. Mais bien malin qui décèlera un changement d'orientation. Sans surprise, le rapport montre du doigt un « ralentissement insuffisant » des dépenses publiques. Les moyens d'un « redressement » qu'il préconise visent essentiellement les salariés et les services publics.

Il est vrai que le rapport épingle certaines dépenses publiques qui constituent un véritable gâchis social. Des gaspillages qui vont du coût exorbitant de la vaccination contre la grippe H1N1 à la gestion de certaines stations de ski, en passant par les dépenses engagées pour un Musée du sport resté virtuel. Le rapport met également en doute l'efficacité de certaines aides aux « entreprises », c'est-à-dire en réalité au patronat, comme par exemple les aides à l'exportation ou les exonérations de cotisations patronales sur les bas salaires. Mais dans le précédent rapport, rédigé en grande partie sous la présidence de Séguin, d'autres exonérations dont bénéficie le patronat avaient été épinglées : les règles légales permettant à Total de ne pas payer d'impôt en France, ainsi que la possibilité pour les groupes capitalistes de compenser les pertes et les bénéfices de leurs filiales et, à partir de là, d'obtenir des dégrèvements en cascade. Ces critiques passées n'avaient pas été suivies d'effet.

De telles propositions, dans les rapports successifs de la Cour des comptes, sont là pour faire bonne figure, mais l'essentiel des restrictions proposées stigmatisent les travailleurs et les masses populaires. Ainsi, la Cour des comptes décrit de façon positive la prétendue réforme des retraites de 2010 et souligne les effets - heureux de son point de vue - de celle de 1993. Le non-remplacement d'un salarié sur deux qui part à la retraite dans les secteurs de la santé, de l'enseignement, etc., est également apprécié par la Cour des comptes, mais jugé insuffisant. Aussi le gouvernement est-il prié d'ajouter d'autres mesures d'économies : un blocage des salaires plus rigoureux que celui en vigueur actuellement ! Au nom du prétendu déficit de la Sécurité sociale, les coupes claires dans le budget des hôpitaux vont dans le sens souhaité par la Cour. Les salariés du privé ne sont pas non plus oubliés : la prime à l'emploi est jugée « inefficace » et une des trois pistes proposées pour sa réforme consisterait en sa suppression pure et simple !

À ce qu'on sache, Migaud, premier président de la Cour des comptes, tout en étant au PS, ne fait pas partie des présidentiables. Mais ce qu'il exprime à travers son rapport n'est sans doute pas très éloigné de ce que serait la politique du PS, s'il revenait aux affaires.

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