« Augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire ». L'homme qui vient de prononcer cette phrase est Jean-Claude Trichet, banquier de son état. Mieux que banquier, ou plutôt pire : il est président de la Banque centrale européenne et comme tel un des principaux porte-voix de l'économie capitaliste. Ce banquier dit tout haut ce que fait tout le patronat. Les dirigeants politiques ne pensent pas autrement, mais ils ne le disent qu'en tournant autour du pot ou en l'enveloppant de gros mensonges, genre « travailler plus pour gagner plus ». Car, contrairement aux patrons et aux banquiers qui ne sont élus que par ceux de leur classe, les conseils d'administration des actionnaires, les dirigeants politiques doivent se faire adouber par un électorat qui, même pour les partis de droite, n'est pas composé seulement de patrons, de banquiers et d'actionnaires.
Par la bouche de Trichet s'exprime ainsi la bourgeoisie, en particulier la plus grande. Celle qui bénéficie, ô combien, de l'envolée des profits des grandes entreprises. Celle qui encaisse les dividendes de ces profits pour augmenter ses revenus de 10 %, 20 %, voire plus. Celle pour qui les économistes à son service peuvent affirmer que la reprise est là.