Débat sur l'Islam : Au bal des hypocrites, Sarkozy danse avec Le Pen23/02/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/02/une-2221.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Débat sur l'Islam : Au bal des hypocrites, Sarkozy danse avec Le Pen

Sarkozy et sa majorité d'un côté, de l'autre le Front National de Marine Le Pen, se disputent l'électorat sensible aux idées racistes et xénophobes.

Relançant une nouvelle fois une bataille de chiffonniers, le président de la République et sa suite ouvrent le débat sur la « place des religions en France » au nom, disent-ils pas gênés, de la défense de la laïcité.

C'était déjà au nom de cette même laïcité que Marine Le Pen, il y a quelques semaines, fustigeait les musulmans, qualifiés par elle d'islamistes qui encombreraient « nos rues » en faisant leur prière. Où vont-ils s'arrêter dans cette surenchère de démagogie ?

La majorité présidentielle reprend une formule qui s'inscrit dans l'exacte lignée d'un autre débat, tout récent, sur l'identité nationale, dont on avait pu mesurer qu'il ne servait nullement à combattre les idées du FN, si on peut parler d'idées en l'occurrence, mais qu'il alimentait à grands flots la propagande xénophobe.

Jean-François Copé, qui préside désormais aux destinées de l'UMP, a immédiatement répondu à l'appel, affirmant que « parler des religions, c'est mettre les pieds dans le plat d'un des plus fantastiques non-dits de notre pays ». Il a annoncé qu'il devait réunir le 5 avril une convention de l'UMP sur l'exercice des cultes.

S'agit-il de parler des religions, de toutes les religions ? Non, pour ces gens-là ce qui est en cause, c'est l'islam. Personne ne s'étonne, à droite, du développement des Églises évangélistes en banlieue, ni que des communes qui ont déjà des difficultés à financer la construction d'écoles publiques ou leur simple fonctionnement soient obligées aujourd'hui de participer au financement de l'école privée catholique de la commune voisine, sous prétexte que quelques enfants de leur commune, même peu nombreux, y suivent leur scolarité. Personne ne conteste non plus qu'une partie de la taxe d'habitation versée par des musulmans, des israélites ou des athées serve à l'entretien des églises, puisque d'après la loi de 1905 cet entretien est à la charge des communes. Non, ce qui doit faire débat, nous disent ces bonnes âmes, ce serait la place de l'islam en France, qui poserait des problèmes à la laïcité !

En s'en prenant ainsi aux musulmans, le gouvernement cultive, et il le fait en toute connaissance de cause et sans trop forcer sa nature, les préjugés de l'électorat d'extrême droite. Marine Le Pen se réjouit d'ailleurs de le voir agiter ainsi ce chiffon, considérant, selon une formule abondamment utilisée par son père, que son électorat préférera « l'original à la copie ».

Les sous-fifres du gouvernement essayent de tempérer la charge contre l'islam et d'en atténuer le caractère ouvertement discriminatoire. Le secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu est intervenu pour affirmer qu'il « était nécessaire de faciliter la construction de mosquées en France, y compris si besoin en aménageant la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État ». Quant à Sarkozy, il explique qu'il ne s'agit que d'organiser l'islam de France. Mais cette hypocrisie, tellement ouverte qu'elle en devient de la franchise, n'est là que pour justifier la campagne xénophobe de la droite dite républicaine sur le prétendu danger que représenterait aujourd'hui cette religion et ses adeptes en France.

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