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Détroit du Pas-de-Calais : Le remorquage en détresse
À compter de septembre 2011, le gouvernement britannique a décidé de mettre fin au financement de cinq remorqueurs d'urgence en mer du Nord et en Baltique.
Le ministre des Transports britanniques veut ainsi économiser 37 millions d'euros par an et il déclare qu'actuellement « ce n'est pas un bon usage de l'argent des contribuables ». Pour ce ministre, assurer la sécurité en mer est une dépense inutile... Pour lui, cet argent est certainement plus indispensable pour financer la présence de troupes anglaises en Irak et en Afghanistan.
Le détroit du Pas-de-Calais est le plus fréquenté au monde. Il est emprunté par cinq cent navires par jour, un toutes les trois minutes. Des pétroliers, des chimiquiers, des cargos se croisent au milieu du trafic des ferries transmanche et des bateaux de pêche. 200 millions de tonnes de marchandises dangereuses transitent chaque année. En 2009, une cinquantaine de navires ont signalé une avarie en haute mer. En Manche, au cours des cinquante dernières années, ont été répertoriés 349 pollutions, naufrages ou accidents, dont une vingtaine de pollutions accidentelles d'hydrocarbures.
Assurer le sauvetage des navires en difficulté ou en perdition est une priorité pour assurer la sécurité des marins, éviter les pollutions de la mer et des côtes. Dans le détroit du Pas-de-Calais, un seul remorqueur de haute mer, l'Anglian Monarch, basé entre Boulogne-sur-Mer et Douvres, assure les secours. Il appartient à une société privée et son coût de 3,6 millions d'euros par an est cofinancé, chacun pour moitié, par les États britannique et français. S'il n'était plus en service, il ne resterait plus qu'à faire appel, pour la Manche et la mer du Nord, au seul remorqueur de haute mer Abeille Liberté. Celui-ci est basé à Cherbourg, donc très éloigné du détroit. Un capitaine de navire en difficulté pourrait aussi demander de l'aide à des remorqueurs privés. Mais la facture élevée risque d'inciter les armateurs, qui recherchent la rentabilité maximum de leur cargaison, à retarder, voire à renoncer à leurs services, avec les risques d'accidents qui en découlent pour les marins ou de naufrage.
Des économies de bout de chandelles mettent ainsi en péril le sauvetage en haute mer. Tout comme le ministère des Transports britanniques, celui de la Marine française connaît aussi la rigueur budgétaire, mais sa priorité est de financer les nombreuses avaries du porte-avions militaire Charles de Gaulle. Les ministres franco-anglais recherchent maintenant des aides auprès des instances européennes tandis que les élus du littoral Nord-Pas-de-Calais tirent la sonnette d'alarme. Les marins et la population, de leur côté, auraient tout intérêt à se mobiliser pour faire échouer ce projet, pour la sécurité de tous.