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- Lutte ouvrière n°2184
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Leur société
Pénibilité au travail : Des années de pseudo-négociations
Éric Woerth, ministre du Travail chargé du dossier des retraites, reprend les positions du Medef au sujet de la pénibilité au travail : il exclut de prendre une mesure générale et ainsi, selon lui, de recréer des régimes spéciaux. Les seuls départs anticipés à la retraite ( avant 61, 62 ou 63 ans ?) ne pourront se faire qu'au cas par cas, dit-il : « Quand vous êtes abîmés physiquement, usés physiquement et qu'on peut le prouver évidemment par des contrôles médicaux. » Si ces contrôles sont effectués à l'image de ceux des médecins contrôleurs, envoyés par les patrons au domicile des salariés en arrêt maladie ou accidentés pour les contraindre à reprendre le travail, cela promet.
Ces mesures sont présentées par le gouvernement comme une humanisation du durcissement de la loi qu'il prépare contre les retraités. En réalité, la pénibilité au travail, il s'en moque.
En 2003, pour obtenir la signature de la CFDT sur l'allongement des durées de cotisation, le gouvernement Fillon-Raffarin avait promis des mesures de préretraite pour les professions pénibles. Mais des années de négociations n'ont abouti à rien, le Medef n'acceptant aucune réforme générale, telle que des mesures, pourtant nécessaires, de départs anticipés pour les travailleurs en équipe ou en horaire de nuit ou ceux du BTP. Et même la mesure de départs anticipés, prise à l'époque, pour les salariés ayant débuté leur carrière entre 14 et 16 ans a été rognée d'année en année et n'a concerné que 25 000 personnes en 2009.
Et puis attention, surtout pas de complaisance lors de ces contrôles médicaux, a surenchéri le député UMP Denis Jacquat, responsable du dossier retraite du groupe majoritaire à l'Assemblée : « La question est de savoir si l'on est inapte à son travail, ou au travail en général. » Car le travailleur qui serait déclaré inapte à son poste de travail pourrait, selon ce député, rester disponible, même âgé ou handicapé, non pas pour le marché du travail, mais en réalité pour le chômage, attendant une retraite de plus en plus éloignée avec des pensions de plus en plus maigres.
Woerth le dit et le répète depuis les fauteuils de son ministère : pour avoir une retraite anticipée, un salarié devra prouver qu'il s'est vraiment « usé » au travail ; en bref, qu'il se soit vraiment tué à la tâche pour les patrons. Mais cela n'empêchera certainement pas le ministre de continuer à jouer la comédie des pseudo-négociations sur la « pénibilité au travail ».