Inde : 25 ans après la catastrophe de Bhopal, la justice a plus d'égards pour les coupables que pour les victimes09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inde : 25 ans après la catastrophe de Bhopal, la justice a plus d'égards pour les coupables que pour les victimes

Vingt-cinq ans après la catastrophe de Bhopal, où un nuage de gaz toxique s'était échappé le 3 décembre 1984 d'une usine de pesticides appartenant à Union Carbide, faisant des milliers de morts, la justice indienne a rendu son verdict.

Celui-ci ne s'applique qu'aux anciens responsables indiens de l'usine. Reconnus coupables de « mort par négligence », sept d'entre eux ont été condamnés à une amende de 100 000 roupies (2 100 dollars) et à deux ans de prison, mais aussitôt libérés sous caution. L'ancien responsable d'Union Carbide India a pour sa part écopé d'une amende de 500 000 roupies. Quant à la firme américaine, elle échappe à toute poursuite, ayant versé pour cela 470 millions de dollars d'indemnités à l'État indien en 1989.

Dans les jours qui suivirent cette catastrophe, on avait dénombré entre 8 000 et 10 000 morts parmi la population de cette ville du centre de l'Inde, mais les associations de défense des victimes estiment que 100 000 personnes ont été intoxiquées et seraient aujourd'hui atteintes de maladies graves (cancer, cécité, difficultés respiratoires, sans compter les malformations congénitales qui se sont multipliées après), du fait de l'exposition aux déchets et des nappes phréatiques toujours contaminées.

Pour prétendre à des compensations, les survivants devaient prouver que leur maladie était en rapport avec le nuage échappé de l'usine, ce qui ne fut pas facile pour des gens pauvres et pour la plupart analphabètes. Surtout qu'à cela vint s'ajouter la corruption des autorités indiennes. Selon les associations, environ 100 000 personnes ont reçu, juste après l'accident, l'équivalent de 4 dollars (200 roupies) par mois, mais les versements se sont vite interrompus. D'autres n'ont rien reçu du tout. Autant dire que les victimes n'ont pas pu avoir accès aux soins que leur état nécessitait.

Quant à la firme Union Carbide, elle n'a jamais été condamnée à décontaminer le site, si bien que cette catastrophe continue, même vingt-cinq ans après, à faire des victimes.

Les gens de Bhopal continuent à lutter pour faire valoir leurs droits et ont décidé de faire appel. Mais les vrais responsables de la catastrophe ne sont pas près d'être inquiétés, ni par la justice indienne, ni par la justice américaine.

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