Procès Kerviel : Et à quand le procès du système ?09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Kerviel : Et à quand le procès du système ?

Mardi 9 juin s'est ouvert le procès de Jérôme Kerviel, le trader de la Société Générale, qui accuse Kerviel de lui avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros en janvier 2008.Kerviel reconnaît des fautes, mais il rejette l'accusation d'avoir agi seul et affirme pouvoir démontrer que sa hiérarchie l'a laissé faire, tant que ses opérations spéculatives rapportaient à la banque. Il risque cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende, et la Société Générale demande, au titre des dommages et intérêts, 4,9 milliards d'euros.

En janvier 2008, quand la Société Générale a choisi de dévoiler l'affaire, elle a prétendu que Kerviel l'avait trompée et le PDG de la banque, Didier Bouton, l'avait traité d'escroc, de fraudeur et même de terroriste. Mais, dès le début, bien des zones d'ombre sont apparues, notamment concernant les systèmes de contrôle des traders, qui se sont révélés si inefficaces que, dès juillet 2008, la banque se faisait épingler par la Commission bancaire pour carences graves.

Un des avocats de la Société Générale a pu dire, sans rire, que Kerviel avait transformé la banque en un casino. Mais depuis, la crise financière de l'automne 2008 est venue démontrer que toutes les banques sont des casinos où des traders jouent à la roulette pour le profit de l'entreprise et de ses actionnaires. Quand ils gagnent, les traders touchent des primes substantielles - Kerviel avait eu droit à 300 000 euros alors que, débutant, il ne touchait, que 50 000 euros par an. Mais quand ils perdent, ils font les gros titres des journaux et servent d'écran de fumée pour éviter que l'on parle des actionnaires, alors que ce sont eux qui encaissent la plus grosse part, et de loin, des bénéfices de l'activité des traders.

Le procès démontrera peut-être que les accusations de la Société Générale contre son trader visent surtout à lui faire porter le chapeau d'une erreur de sa hiérarchie.

Mais à quand le procès du système bancaire, qui fonctionne dans son ensemble comme un casino et dont la crise, depuis deux ans, a englouti des millions de milliards d'euros que l'on demande maintenant aux populations de rembourser ?

Ce procès-là, ce serait le procès de tout le système capitaliste, un système dont un Kerviel n'était qu'un tout petit rouage, mais qui mène le monde entier à la faillite.

Partager