Congrès de la CFDT : Le faux radicalisme de Chérèque09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Congrès de la CFDT : Le faux radicalisme de Chérèque

Il avait l'air d'avoir mangé du lion, François Chérèque, lors de son discours d'ouverture du congrès de la CFDT le 7 juin à Tours. Il a fustigé la politique du gouvernement, blâmé les promesses mensongères faites par le président de la République quand il était candidat à la présidence, condamné les méfaits du capitalisme financier... Et il a terminé, à propos des retraites, par un vibrant « Nous n'acceptons pas la remise en cause des 60 ans ! », salué par une longue ovation des congressistes debout. Mais pas un mot sur les moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir, si ce n'est le voeu de « faire en sorte que nos décisions pèsent »...

« Dans l'épreuve de force engagée avec le gouvernement, a déclaré le secrétaire général, les salariés et la CFDT n'ont pas dit leur dernier mot. Les retraites, c'est un sujet ô combien cher à la CFDT. » On se souvient de la manière dont les retraites furent « un sujet ô combien cher » au coeur de Chérèque quand, en 2003, il donna son aval à la réforme Fillon qui a fait passer le nombre d'années de cotisations à 40 et 41 ans aujourd'hui. Et que peut donc signifier un appel au droit à la retraite à 60 ans, pour un François Chérèque qui s'apprête à cautionner l'allongement de la durée de cotisation à 42, 43 ans, voire plus ? C'est purement et simplement un mensonge, puisqu'il faudrait alors trouver du travail à 17 ans et ne plus jamais le perdre...

Dans l'arsenal des mensonges sur les retraites, le plus grossier est celui qui consiste à faire croire que la « réforme » est inéluctable ou, comme l'a dit Chérèque, « une réforme que chacun sait indispensable », au prétexte qu'on vit plus longtemps. Du gouvernement aux centrales syndicales, en passant par les commentateurs qui leur emboîtent le pas, tous rabâchent ce même argument. Ils font mine d'oublier que si la durée de vie a augmenté -un signe du progrès dont on ne peut que se féliciter- la productivité du travail s'est accrue elle aussi dans le même temps, et dans une bien plus grande proportion. Et, s'il n'y a pas assez d'argent dans les caisses de retraites, c'est parce que les capitalistes ont empoché tout le bénéfice de cet accroissement de la productivité. Alors, qu'ils le rendent !

Certes, ils ne le feront que si on le leur impose. Il faut que les travailleurs préparent la contre-offensive nécessaire pour récupérer leur dû. Une journée de manifestation n'y suffira pas, mais elle peut être un point de départ. C'est ce que peut être la journée d'action pour les retraites appelée par la CGT et la CFDT le 24 juin.

Même si une telle journée ne peut suffire à inverser le rapport de forces, plus elle sera réussie, et plus elle pourra redonner le moral à une partie importante des travailleurs, pour préparer une riposte qui aille bien au-delà des petits calculs d'un Chérèque, d'un Thibault ou d'un Mailly.

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