Meadwestvaco emballages - Châteauroux : Patron voyou, État complice !09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Meadwestvaco emballages - Châteauroux : Patron voyou, État complice !

Mercredi 2 juin, à la fin d'une réunion du CHSCT (comité hygiène et sécurité), les salariés de l'entreprise Meadwestvaco emballages de Châteauroux ont appris, par la bouche de leur directrice du personnel, que la direction de l'usine fermait le site et qu'ils étaient désormais dispensés de venir travailler, jusqu'à ce que leur licenciement soit effectif. Aussitôt après cette annonce, la directrice du personnel et le directeur du site se sont enfuis par une porte dérobée, escortés par trois gardes du corps, jusqu'à une voiture qui les attendait en dehors de l'usine. Depuis, ils n'y ont pas remis les pieds et l'on peut encore voir leurs voitures personnelles abandonnées sur place.

Cela fait deux ans que la direction de Meadwestvaco Corporation, un groupe hollandais spécialisé dans la fabrication d'emballages et possédant plusieurs usines en Europe, a l'usine de Châteauroux dans le collimateur. Au printemps 2009, usant du chantage à la fermeture, elle était parvenue à porter un premier coup aux travailleurs de l'usine, malgré cinq semaines de grève avec occupation : en contrepartie d'un engagement à pérenniser le site pendant au moins cinq ans et à ouvrir une nouvelle ligne de production, la direction de Mead imposait 94 licenciements, une diminution des salaires de 5%, ainsi qu'un allongement substantiel de la durée annuelle de travail, celle-ci passant de 1 470 heures à 1 607 heures. Un accord entre la direction et les syndicats avait été signé en présence du préfet, qui y apportait ainsi la caution de l'État.

Pourtant, ce premier plan de licenciements était encore chaud que la direction de Mead, s'asseyant sur ses engagements, annonçait en décembre 2009 son intention de fermer cette fois complètement l'usine, où il restait encore 160 travailleurs. Et comme les choses n'allaient pas encore assez vite à son goût, les syndicats faisant traîner la procédure de mise en place de ce nouveau plan de licenciements en en contestant le bien-fondé, la direction en est venue à ce coup de force du mercredi 2 juin, annonçant sans autre forme de procès que l'usine était fermée.

La colère est montée chez les ouvriers, qui ont décidé d'occuper l'usine afin d'empêcher la direction de faire déménager ailleurs les machines. C'est que tout est ignoble dans son attitude : ses mensonges, son coup de force, mais surtout le fait que ces licenciements n'ont aucune justification. Le groupe Mead a en effet vu ses profits exploser ces dernières années, les bénéfices annoncés étant passés de 135 millions de dollars en 2006 à 850 millions en 2009.

Quant aux services de l'État, ils montrent vers qui va leur solidarité. Alors que le préfet avait apporté sa caution à l'accord, ce qui faisait de lui le garant de la pérennisation de l'usine pour au moins cinq ans, il n'a rien fait ces derniers mois pour obliger la direction à respecter ses engagements. Sollicité par les syndicats, il n'a donné aucune réponse. Quant au tribunal de grande instance de Versailles, il a rejeté vendredi 4 juin le référé déposé par les syndicats pour contester le non-respect de la procédure de mise en place du plan social par la direction. Les syndicats jugeaient, à juste titre, que la direction n'apportait aucune justification satisfaisante à la fermeture du site, et du coup avaient refusé de se prononcer (au CE et au CHSCT) sur le plan de fermeture, ce qui bloquait tout le processus. Le tribunal en a jugé autrement, estimant que la direction de Mead avait apporté toutes les réponses nécessaires, et qu'elle pouvait donc licencier !

Pour se défendre, les travailleurs de Mead ne peuvent compter que sur leur détermination et la solidarité des autres travailleurs, l'annonce de la fermeture du site et des méfaits de la direction de Mead ayant choqué dans la ville.

Partager