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Argentine : Répression contre des chômeurs
Le 26 mai dernier, la police de la province de Salta, au nord-est de l'Argentine, a réprimé avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc une manifestation de centaines de chômeurs de la ville de General Mosconi. Comme ils le font depuis treize ans quand ils protestent, ceux-ci coupaient la route n°34 pour obtenir la libération d'un de leurs dirigeants, José « Pepino » Fernandez, arrêté après une protestation identique les jours précédents.
Ces chômeurs dénoncent le gouverneur de la province et son rôle de « gendarme des compagnies pétrolières » et bien sûr les entreprises du pétrole locales, notamment l'entreprise Contreras. Le gouverneur, Unrubey, proche de la présidente Kirchner, une péroniste de centre-gauche, est accusé de « mener une politique zéro vis-à-vis des revendications sociales ». Quant aux entreprises du pétrole, il leur est reproché de ne pas faire appel à la main-d'oeuvre locale. L'entreprise Contreras s'était engagée à le faire, mais n'a pas tenu ses promesses, ce qui a déclenché la colère des chômeurs.
Ceux-ci mènent aussi campagne contre les entreprises du bâtiment qui participent au plan fédéral de construction de logements, qui emploient des travailleurs locaux mais ne les payent pas. Certains ouvriers n'ont pas touché de salaires depuis février dernier.
Dans les années quatre-vingt-dix, les travailleurs de General Mosconi ont été licenciés suite à la politique de privatisation de la compagnie pétrolière YPF. Pepino Fernandez y travaillait alors. Depuis 1997, il est un des animateurs du mouvement de chômeurs, l'Union des travailleurs sans emploi (UTD) de General Mosconi. Depuis sa création, cette organisation ou lui-même ont été menacés ou attaqués en justice à quatre-vingt reprises, selon ses avocats. En 2007, on avait même tiré des coups de revolver contre l'un de ses militants.
Ce mois de mai, la présidente Kirchner fêtait les « deux cents ans d'indépendance de l'Argentine, libre et souveraine ». Les actuels dirigeants argentins prétendent tout à la fois être ceux qui remboursent le mieux la dette héritée du krach de 2001, ceux qui soutiennent les grandes entreprises argentines et qui protègent aussi les plus démunis. Force est de constater qu'ils tiennent mieux leurs deux premiers engagements que le troisième. Et quand les classes populaires s'organisent pour défendre leurs droits, ils lâchent leurs policiers.