Clariant - Huningue (Haut-Rhin) : En grève pour de véritables garanties09/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2184.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Clariant - Huningue (Haut-Rhin) : En grève pour de véritables garanties

130 des 260 travailleurs du site chimique de Clariant à Huningue, près de Bâle à la frontière suisse, sont en grève reconductible depuis le lundi 31 mai à l'appel de l'intersyndicale CGT-CFDT. La direction leur avait annoncé en novembre 2009 la fermeture programmée du site d'ici la mi-2011.

Plusieurs usines de grands groupes internationaux sont réunies sur le site de Huningue, où 1 500 personnes travaillent du côté français et plusieurs dizaines de milliers du côté Suisse, à Bâle et dans sa région.

L'usine Clariant est réputée l'une des plus dures, avec des conditions de travail souvent exécrables. La plupart des travailleurs ont entre 45 et 50 ans et ils y ont tous laissé une partie de leur santé, du fait de l'exposition aux solvants et autres produits chimiques dangereux.

Pour l'instant, ils n'ont aucune garantie concernant les indemnités de licenciement, dont la moitié est constituée par des primes dites de « retour à l'emploi ». Il faut tout le cynisme et le culot de la direction de Clariant pour proposer de telles primes dans la période de crise actuelle, avec les fermetures d'entreprises et les licenciements.

L'intersyndicale anime la grève. Des assemblées générales avec les grévistes ont lieu quasi quotidiennement. Une prime de 60 000 euros pour tous est notamment revendiquée, en plus de la prime de « préjudice », qui est de 25 000 à 30 000 euros selon l'ancienneté. À cela s'ajouterait la prime de « retour à l'emploi » qui varierait de 30 000 à 45 000 euros selon l'ancienneté, 500 euros de compensation salariale sur deux ou trois ans, un an de maintien de salaire à partir du 31 décembre pour le licencié qui ne retrouve pas de travail, six mois de salaire pour celui qui retrouverait un travail avant le 31 décembre.

Le lundi 31 mai, les grévistes sont allés manifester aux postes frontières pour s'adresser aux travailleurs frontaliers et leur faire signer une pétition.

Le mardi 1er juin, sur proposition de l'intersyndicale, ils ont envahi la salle où se tenait la réunion avec la direction. Celle-ci a manifestement été impressionnée, puisque le lendemain elle décidait de déplacer la réunion, qui était prévue le vendredi même à Huningue, au mercredi 9 juin au siège du groupe à Nanterre, où travaillent 50 salariés et qui doit également fermer.

Le mercredi 2 juin, les travailleurs ont manifesté dans les rues de Huningue et Saint-Louis et ont appelé la population à venir participer le vendredi à un « apéro géant » devant le site, pour faire oublier les bouchons occasionnés par leur action du lundi.

Après cette manifestation, la direction a proposé 5 000 euros de plus sur la prime de « préjudice », si les grévistes reprenaient le travail et acceptaient en l'état le plan de licenciements. Ce qui les a bien sûr convaincus... de continuer la grève.

La station d'épuration des eaux commune aux usines chimiques Clariant, TFL, BASF et Novartis est en service minimum suite à la grève et un piquet de grève en garde l'entrée. Bien que celle-ci appartienne à Novartis, ce sont en effet des travailleurs de Clariant qui en assurent le fonctionnement. La direction de Clariant les menace maintenant de demander leur évacuation par la police.

Les travailleurs de Clariant savent qu'avec la fermeture de l'usine, c'est leur avenir qui se joue dans cette grève. Ils savent qu'ils ont payé de leur peau les profits engendrés pendant des décennies. Ils sont conscients aussi qu'il leur faudra beaucoup de détermination encore pour imposer des garanties concrètes pour leur avenir.

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