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- Lutte ouvrière n°2166
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Leur société
Georges Frêche : Bien représentatif de la politique du PS
Georges Frêche, l'actuel président de la région Languedoc-Roussillon, exclu en 2007 du Parti Socialiste après une série de déclarations à caractère xénophobe, a encore fait des siennes. En déclarant qu'il hésiterait à voter pour Fabius parce qu'il « n'a pas une tronche très catholique », il a déclenché une réaction des dirigeants socialistes qui ont décidé solennellement, le 2 février, qu'ils excluaient désormais de faire liste commune avec lui aux prochaines élections régionales, préférant, disent-ils, « sauver leur âme » (sic) plutôt que de garder une région dirigée par un « socialiste » aussi peu présentable.
Pourtant Georges Frêche, qui a fait des études de droit à la faculté d'Assas avant de venir l'enseigner à celle de Montpellier en 1969, a adhéré à la SFIO la même année. Élu député en 1973 (il le fut pendant 22 ans) puis maire de Montpellier en 1977 (où il siégea jusqu'en 2004), il usa dès lors de son pseudo « franc-parler » comme un moyen de séduire notamment la fraction de l'électorat d'origine « pied-noir », dans une région où celui-ci était important, nostalgique de « l'Algérie française ».
Dès lors, il a multiplié les gestes en direction de cet électorat, soutenant ses associations, construisant une maison des Rapatriés, leur donnant des emplois municipaux, leur facilitant l'accès au logement, créant un musée de la France en Algérie. En 1982, au moment où le ministre des Affaires étrangères de Mitterrand s'inclinait à Alger devant la tombe des « combattants du FLN », Frêche mit en berne les drapeaux de Montpellier !
Qu'un député-maire PS ait pu ainsi bâtir sa carrière en flattant un électorat réactionnaire, avec ses nostalgiques de l'Algérie française, cela ne devrait étonner que ceux qui ignorent la politique qui fut celle de la SFIO, l'ancêtre de l'actuel Parti Socialiste, et le principal artisan de l'intensification de la guerre en Algérie.
En 1956, le principal dirigeant socialiste d'alors, Guy Mollet, conduisit en effet les listes de Front républicain aux élections législatives en expliquant qu'il ferait la paix en Algérie. Mais, une fois élu, il fit tout le contraire, il se fit voter les pleins pouvoirs par le Parlement (y compris par le PCF), intensifia la guerre et donna le feu vert à l'armée pour l'utilisation systématique de la torture. Et quand la 4ème République et la SFIO eurent achevé de se déconsidérer dans cette guerre coloniale qui coûta la vie à un demi-million d'Algériens, ce fut le même Guy Mollet qui alla chercher le général et homme de droite De Gaulle.
La prétendue « rénovation » du Parti Socialiste par Mitterrand en 1971, première étape de sa marche vers la présidence de la République, allait s'avérer de façade quand son Premier ministre Pierre Mauroy retrouva des formules qui valent celles de Frêche. C'est ainsi qu'on put l'entendre, à l'occasion de plusieurs grèves dans le secteur automobile entre 1982 et 1984, auxquels participaient une majorité de travailleurs immigrés, dénoncer les « grèves des ayatollahs ».
C'est dire que le pseudo « franc-parler » de Frêche et de bien d'autres notables, prêts à tout pour flatter leurs électeurs y compris les pires, puise ses racines dans la politique du PS d'hier et d'avant-hier. Pour « sauver son âme », encore faudrait-il qu'il y ait quelque chose à sauver.