- Accueil
- Lutte ouvrière n°2166
- Grèce : Après l'austérité de droite, l'austérité de gauche
Dans le monde
Grèce : Après l'austérité de droite, l'austérité de gauche
La Commission européenne veut placer la Grèce sous une étroite surveillance budgétaire. Cela fait longtemps que le déficit grec est montré du doigt et plus particulièrement depuis que le nouveau Premier ministre socialiste, Georges Papandréou, a révélé que ce déficit était deux fois plus élevé que ce qu'il était censé être.
Il en a résulté des rumeurs en tout genre, de faillite en particulier, suivies de démentis ; les agences de notation des milieux financiers ont rétrogradé la Grèce, dont la solvabilité a été encore plus mise en doute et le gouvernement grec a dû emprunter sur les marchés à des taux de plus en plus élevés. Ces taux d'intérêt sont même devenus prohibitifs, entre 5 et 7 %, soit de 2,5 à 4 points de plus que les taux auxquels l'Allemagne emprunte. Les spéculateurs, qui misent sur une baisse de l'euro, se déchaînent. Papandréou a dénoncé cette « attaque spéculative sans précédent (...) qui débouche sur un étranglement de l'économie » et il a obtempéré aux injonctions de la Commission européenne dont il avait d'ailleurs devancé les désirs, dès son arrivée au pouvoir, en promettant d'assainir la situation.
Dans ce désordre général, c'est la population qui paye et qui devra payer encore plus, si aucune réaction ne vient contrecarrer les volontés d'un gouvernement socialiste adepte de la plus grande rigueur pour les salariés.
Ce sont d'abord des attaques contre le service public. En 2010, un départ sur cinq seulement devrait être compensé par une embauche, les travailleurs précaires - les « stages », les vacataires payés à l'heure - vont se retrouver chômeurs. Officiellement, le chômage est à 9,8 % mais l'Agence grecque pour l'emploi vient d'annoncer que le pays comptait 200 000 chômeurs de plus qu'en janvier 2009 et que le chômage réel se montait à 17,1 %, la différence s'expliquant par le fait que l'office national de la statistique ne compte pas les chômeurs qui ont travaillé en janvier, ne serait-ce que deux heures. On risque d'atteindre, en 2010, le nombre de 850 000 chômeurs, selon la confédération syndicale GSEE, pour une population active d'environ cinq millions.
Les salaires sont aussi attaqués : un quotidien grec indiquait que dans la fonction publique, la baisse des salaires, qui pouvait atteindre jusqu'à 400 euros, serait immédiatement appliquée dès janvier. Le revenu des travailleurs grecs va aussi souffrir de l'augmentation de 20 % des taxes indirectes sur le tabac et les boissons alcoolisées.
Le gouvernement parle de lutter contre l'évasion fiscale mais alors que les patrons doivent encore 4,7 milliards d'euros de contributions à la Sécurité sociale, il a annoncé, début janvier, son intention de subventionner les recrutements de jeunes de moins de 30 ans, en finançant à 100 % les cotisations patronales de Sécurité sociale pour la première année. Quant au rapatriement éventuel de capitaux placés à l'étranger, il envisagerait de ne pas l'imposer. Mais pour faire un peu de social, il parle de taxer les bonus des cadres des banques. Cela fait dérisoire quand on sait que les banques, elles, ont reçu du gouvernement, fin 2008, 28 milliards d'euros qu'il a empruntés à un taux prohibitif et qui ont ainsi contribué à augmenter la dette.
Enfin, une réforme des impôts est en préparation pour mars et tout est à craindre.
Reste à savoir si la population acceptera ces mesures d'austérité. Papandréou vient d'affirmer à propos des mouvements d'agriculteurs : « Nous n'avons pas les marges pour supporter des barrages routiers et des grèves prolongées. » Voilà qui est clair et qui ne peut que démontrer aux travailleurs, si c'était encore nécessaire, de quel côté se situe le gouvernement socialiste.