Cellules de reclassement et suivi des chômeurs : EEfficaces pour empocher l'argent, pas pour les chômeurs03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cellules de reclassement et suivi des chômeurs : EEfficaces pour empocher l'argent, pas pour les chômeurs

Le CESE (Conseil économique, social et environnemental) vient de rendre publique une étude sur les cellules de reclassement. Elle y constate qu'elles sont peu efficaces. Ces structures mises en place par des entreprises privées dans le cadre de « plans de sauvegarde de l'emploi ». ne le sauvegardent pas vraiment.

Le CESE estime en effet que seulement 30 % des chômeurs dont elles s'occupent retrouvent un CDI, 25 % un CDD ou un travail en intérim, un peu moins de 5 % créant leur entreprise et 40 % restent sur le carreau !

En revanche, l'opération se révèle fort intéressante pour les officines privées auxquelles sont confiés ces chômeurs à reclasser, telles Altedia, une filiale d'Adecco ou BPI. L'étude du CESE note d'ailleurs que de nombreuses entreprises, petites ou grandes, se sont lancées dans ce secteur dans les années 1990, après la mise en place d'une aide financière du Fonds national de l'emploi (FNE), c'est-à-dire de l'État qui finance - en totalité dans la majorité des cas - le suivi des salariés licenciés par des entreprises soumises à un redressement ou une liquidation judiciaires, ou quand elles ont moins de mille salariés et sont confrontées à des difficultés financières. Cela coûte chaque année plus de 30 millions d'euros à l'État, à raison de 2 000 euros maximum par salarié « accompagné ».

NOUVELLE MANNE POUR LES ENTREPRISES D'INTERIM

Du côté du suivi des demandeurs d'emploi, la situation est encore plus caricaturale. Il y a six mois, face à l'explosion du chômage, Pôle emploi a décidé de sous-traiter massivement ce suivi pendant deux ans à des entreprises privées, plutôt que d'embaucher du personnel. Un marché de 425 millions d'euros a ainsi été offert à quelques entreprises, parmi lesquelles des poids lourds de l'intérim comme Manpower, Adecco ou Synergie.

Un document confidentiel de Manpower publié par Le Parisien du 26 janvier, montre que le marché est particulièrement profitable. Le suivi de chaque chômeur est facturé entre 1 500 euros et 2 000 euros, mais la moitié de ce montant est réglée par Pôle emploi juste pour l'accompagnement, quel qu'en soit le résultat ! Le reste de la note est payé à l'entreprise de placement lorsque le chômeur a retrouvé un emploi pendant au moins six mois. Manpower a calculé qu'avec les seuls 50 % d'accompagnement, chaque conseiller peut rapporter plus de 46 000 euros hors taxes de marge à son agence.

Conséquence prévisible, le suivi des chômeurs est dans bien des cas lamentable ! Les conseillers sont souvent des jeunes recrutés en urgence, peu compétents et chargés de dizaines de dossiers. Ils sont eux-mêmes mal payés et précaires, puisqu'en CDD pour deux ans seulement... le temps du contrat passé par les opérateurs privés avec Pôle emploi. Les chômeurs sont parfois reçus dans des chambres d'hôtels minables, dans des hangars. Et on ne leur propose souvent que les offres de Pôle emploi !

Les résultats sont à l'avenant... Un rapport officiel datant d'octobre 2009 montre que ces entreprises privées sont moins performantes que le Pôle emploi pour améliorer le taux de retour à l'emploi.

Suivi des chômeurs ou cellules de reclassement, ces dispositifs n'existent que pour donner l'impression que le gouvernement se préoccupe des chômeurs et pour assurer une rente à des entreprises privées, mais sûrement pas pour que les chômeurs retrouvent du travail. De toute manière, reclasser tous les licenciés et tous les chômeurs alors que les entreprises licencient à tour de bras est une gageure. Il faudrait commencer par interdire les licenciements !

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