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- Lutte ouvrière n°2166
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États-Unis : Où sont passés les dizaines de milliards d'argent public donnés à AIG ?
Il y a un peu plus d'un an, en pleine tourmente financière, alors que la banque Lehman Brothers faisait faillite le 15 septembre 2008, l'American International Group (AIG), le numéro un mondial de l'assurance, vacillait à son tour. Le gouvernement intervenait en urgence et AIG était renfloué à hauteur de 180 milliards de dollars. À quoi les sommes extravagantes distribuées à AIG ont-elles servi ?
C'est la question qui a été posée le 27 janvier par une commission parlementaire à deux des protagonistes majeurs du sauvetage d'AIG : l'actuel secrétaire au Trésor du gouvernement Obama, Thymothy Geithneir, qui en septembre 2008, au moment de la faillite de la compagnie d'assurances, était président de la Réserve fédérale de New York et l'ancien secrétaire au Trésor, Henry Paulson.
Leur audition a révélé ce qui avait été jusqu'alors caché : 62 milliards de dollars reçus par AIG avaient été immédiatement reversés à de grandes banques américaines et étrangères pour permettre à l'assureur de respecter ses engagements sur les produits dérivés. AIG a été jusqu'à rembourser l'intégralité des risques qu'il couvrait.
Les principales banques de la planète ont ainsi touché indirectement, par l'intermédiaire de leur assureur AIG, des dizaines de milliards pris en réalité sur l'argent public américain : par exemple, en France, la Société générale a perçu 9,6 milliards de dollars, en Allemagne la Deutsche Bank en a reçu 5,7. Les banques américaines n'ont pas été en reste, Goldman Sachs se taillant la part du lion. Le président de la commission parlementaire a conclu que « AIG est devenu une coquille vide, les contribuables l'ont bourré d'argent et les banquiers sont venus piller le cadavre ».
Les aides aux banques et au système financier aux États-Unis, comme en Europe, ont été décidées et distribuées, en dehors de tout contrôle. Le Congrès des États-Unis, c'est-à-dire les parlementaires, peut donner son opinion sur les aides distribuées à AIG, au travers d'une commission d'enquête, mais après coup. Entre-temps les dizaines de milliards se sont bien envolés.
L'appareil d'État est constamment prêt à se porter au secours des intérêts privés des « investisseurs ». Geithner l'a avoué à sa façon lors de son audition en déclarant à propos des sommes versées à AIG : « Dans de rares cas, comme pour les affaires de sécurité nationale, certaines informations doivent rester cachées un certain temps... » gouvernements, banquiers et financiers préfèrent faire leurs mauvais coups dans la pénombre.