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- Lutte ouvrière n°2166
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Editorial
Les travailleurs ont les moyens d'empêcher le grand patronat et le gouvernement de pousser les classes populaires à la misère
La Fondation Abbé-Pierre vient de publier son rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. 100 000 personnes n'ont pas d'autre domicile que la rue, 100 000 autres vivent sous une tente ou dans une caravane, 40 000 dans un cabanon qu'elles ont construit de leurs propres mains. 240 000 femmes et hommes survivent donc sans un véritable toit au-dessus de leur tête, dans des conditions particulièrement dramatiques. Mais le nombre de mal-logés qui s'entassent dans des taudis insalubres, dans des logements trop exigus, dépasse les trois millions. Et sur ces trois millions, il y a 600 000 enfants.
Pourtant, après la lutte des SDF autour de l'Association Don Quichotte, il y a deux ans, le gouvernement avait fait des promesses. Il a même fait une loi dite du « droit au logement opposable » permettant aux mal-logés qui ne trouvent pas de logement d'en réclamer un. Non seulement la situation ne s'est pas améliorée mais elle s'est dégradée. Elle est plus catastrophique que jamais. Il est facile de faire voter une loi, mais on ne loge pas dans les pages du code civil !
Il faudrait qu'existe le nombre de logements à prix abordable où les sans-logis ou les mal-logés pourraient s'installer. Il en faudrait un million pour régler le problème du logement pour tous. Mais ces logements ne sont pas plus construits aujourd'hui qu'ils ne l'étaient auparavant.
L'État pourrait prendre en charge au prix coûtant, sans profit, ces constructions en réquisitionnant les terrains pour que ce ne soient pas les promoteurs immobiliers qui fassent du profit sur la misère des mal-logés. C'est dans les possibilités financières de l'État. Cela permettrait d'embaucher des dizaines de milliers de travailleurs du bâtiment et des professionnels en tout genre, ce qui serait doublement utile à la société en ces temps de chômage.
Oui, l'État pourrait, il a les moyens pour cela et il l'a montré en venant en aide aux banquiers comme au grand patronat. Ce n'est pas que l'État ne peut pas, c'est qu'il ne veut pas. C'est un choix, un choix de classe, le choix de favoriser le profit des banquiers et des actionnaires, quitte à ce que les couches pauvres de la population s'enfoncent encore plus dans la misère.
La situation du logement concerne tous les travailleurs, même ceux qui aujourd'hui sont logés de manière convenable. Parce que si, parmi les trois millions de mal-logés ou de sans-logis, il y en a beaucoup qui n'ont jamais eu un logement correct, il y en a aussi qui avaient, il n'y a pas longtemps, un appartement ou un pavillon bien à eux. Mais se retrouver à la porte par un licenciement ou une fermeture d'usine après des années de travail et de salaire assuré, c'est le début d'une descente aux enfers. Et, pour certains, de plus en plus nombreux, cette descente se poursuit jusqu'à ce que, la maison perdue, la famille disloquée, on se retrouve à la rue.
L'actualité - la fermeture du site Total de Dunkerque - rappelle qu'aucun travailleur n'est à l'abri d'une fermeture d'usine ou d'un licenciement. Pas même ceux d'une entreprise comme Total, la plus riche de ce pays, qui croule sous l'argent avec lequel elle spécule mais n'est pas disposée à consacrer ne serait-ce qu'une petite fraction de ses profits colossaux à maintenir l'emploi et le salaire de ses travailleurs.
Alors, la seule conclusion qu'on peut tirer de tout cela, c'est qu'il ne faut pas les laisser faire. Ces gens-là, les possédants aussi bien que leurs laquais aux sommets de l'État, ont un coffre-fort à la place du coeur.
Les travailleurs ont les moyens de se défendre. Seuls, entreprise par entreprise, ils ne le peuvent qu'un peu, en imposant des indemnités un peu plus élevées qui permettent de tenir un peu plus longtemps.
Mais, pour renverser la tendance, pour imposer une autre politique au gouvernement et surtout, derrière lui, au grand patronat, aux actionnaires, aux banquiers, à la grande bourgeoisie, il faudra une lutte, une lutte collective, massive, avec pour objectif de faire payer au patronat, à la bourgeoisie, le prix de leur propre crise.
Il n'y a pas d'autre voie pour les faire reculer. Il n'y a pas d'autre moyen pour sauver de la pauvreté et de la déchéance les travailleurs, les chômeurs, les retraités des classes populaires.