Augmentation des péages d'autoroutes : L'usager tondu avec la complicité de l'État03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Augmentation des péages d'autoroutes : L'usager tondu avec la complicité de l'État

Le 1er février, les péages autoroutiers ont augmenté de 0,5 % en moyenne, mais cette moyenne cache des augmentations de 0,8 % pour les voitures particulières sur le réseau du sud de la France, à 0,9 % sur celui de la Côte d'Azur. La Sanef, qui gère les autoroutes du Nord et de l'Est, et sa filiale la SAPN (Paris-Normandie) étaient les seules à ne pas changer leurs tarifs ce jour-là. Cela ne signifie pas qu'ils ne vont pas augmenter prochainement.

Bien sûr, on nous assure que cette augmentation est modérée, alors qu'elle est cinq fois plus forte que l'inflation estimée de 2009 (0,1 %). Les grosses sociétés concessionnaires justifient cette augmentation à la fois par un contrat de 2 milliards d'investissements passé avec l'État pour 2010 et par un engagement d'un milliard sur trois ans pour rendre les autoroutes plus écologiques, dans le cadre du Grenelle de l'environnement.

Mais l'essentiel, pour les géants du BTP qui détiennent depuis début 2006 la concession de tous les réseaux autoroutiers du pays, est que la gestion des autoroutes rapporte beaucoup et vite. L'État reste propriétaire des autoroutes, une agence publique s'occupe de financer les infrastructures de transport, en particulier la construction de nouveaux tronçons d'autoroutes. Les concessionnaires, eux, assurent en principe l'entretien et la perception des péages, en priorité. Et la rentabilité est forte. En 2006 elle allait de 18 à 34 % du chiffre d'affaires. Au point qu'à plusieurs reprises les rapports de la Cour des comptes ont épinglé « des profits excessifs dans l'exercice d'une mission de service public », dénoncé des tarifs incohérents et un « retard notable dans les investissements ».

L'État a choisi d'orienter ce pactole vers les coffres des actionnaires de Vinci, Eiffage et autres poids lourds du BTP. D'abord, sous prétexte de se désendetter, en leur vendant à un prix d'ami les concessions pour 25 ans (26 ans désormais, pour récompenser leur engagement écologique). Quant à leur imposer un cahier des charges strict, c'est une posture que l'État prend vis-à-vis du public, mais qui n'implique guère de contraintes.

La gestion des autoroutes privatisées, comme tous les autres services publics confiés au privé, cela revient à payer plus cher pour un service qui n'est pas mieux assuré.

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