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Leur société
Le dictateur turkmène à Paris : Entre eux, ça « gaz »
Le Turkmenistan, une ancienne république soviétique d'Asie centrale, a les quatrièmes plus importantes réserves de gaz au monde. Pour en protéger les revenus contre une population composée à 60 % de chômeurs, le pays a surtout un des régimes dictatoriaux les plus féroces d'une région qui n'en manque pourtant pas.
C'est le chef de ce régime, Gourbangouly Berdymoukhamedov, que Sarkozy a reçu à l'Élysée le 1er février. Ils ont, dans un communiqué commun, « encouragé le renforcement des liens d'amitié et de dialogue politique » entre les deux pays et « affirmé leur volonté de développer la coopération bilatérale ». De Mitterrand à Chirac, le « dialogue politique » et la « collaboration » avaient déjà été fructueux avec le prédécesseur et mentor de Berdymoukhamedov. En tout cas pour Bouygues, auquel le dictateur-mégalomane Saparmourad Niazov, mort fin 2006, avait confié le soin d'édifier des palais, une mosquée dans le désert, de raser des quartiers entiers de la capitale, de couvrir le pays de statues gigantesques à son effigie, de créer une télévision à la gloire de ce « président à vie », auto-proclamé « Père des Turkmènes ».
Pendant des années, Niazov avait fait fermer les établissements d'enseignement, mais rendu obligatoire l'étude d'un recueil de ses préceptes. Il avait fait quadriller le pays par l'armée, éliminé physiquement toute forme d'opposition réelle ou supposée. Mais il en aurait fallu plus pour perturber ses relations avec les gouvernements français successifs. Berdymoukhamedov, qui a hérité de cette dictature infâme, a aussi hérité de l'amitié de l'Élysée : cela tombe bien pour Accor, Thales, Vinci, Bouygues qui lorgnent de gros contrats publics dans le BTP, la construction d'un aéroport, le transport aérien et l'hôtellerie au Turkménistan.
Quant aux très nombreux chômeurs turkmènes, il y a peu de risque que certains fassent un jour partie d'un rapatriement de sans-papiers comme Besson les aime : au Turkménistan, la dictature veille à ne laisser sortir personne.