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Dans les entreprises
Usine de Flins (Yvelines) : La direction sort ses « antennes » sans grand succès
À l'usine Renault de Flins, fermée pour la plupart des secteurs pendant deux semaines, jusqu'au 12 novembre, de nombreux intérimaires ont vu leur contrat se terminer prématurément, en particulier à la suite de l'arrêt de la fabrication de la Clio 2 Campus, qui avait été reprise pendant quatre mois dans l'usine. Par ailleurs, une « antenne emploi » a été ouverte le 16 octobre. Cet euphémisme désigne le service censé recruter parmi les « structures » (ouvriers hors production, employés, techniciens, chefs d'équipe...) des candidats au départ.
« Structures » ou pas, chaque travailleur vient de recevoir une plaquette invitant à passer à l'antenne et, dans certains secteurs, la maîtrise a commencé à convoquer les ouvriers un par un pour connaître leurs « souhaits » : quitter l'usine, y rester, changer de métier, d'équipe, voire travailler en équipe de nuit au nettoyage... alors que cette équipe vient d'être supprimée. Les mêmes responsables qui il y a quelque temps militaient contre les appels à débrayer contre le plan Ghosn, en avançant « Vous n'êtes pas concernés par ces suppressions d'emplois », proposent à présent une petite visite à l'antenne : « Si des Sandouvillais arrivent, parmi les 1 000 travailleurs de cette usine dont l'emploi sera supprimé, ça vous libérerait et vous pourriez partir. » Présenter cela presque comme une faveur ne convainc absolument personne, puisque la direction ne propose même pas, aux travailleurs les plus âgés qui souhaiteraient bien partir un peu plus tôt, un plan de retraite anticipée analogue à ce qu'elle avait proposé il y a quelques années.
« Je veux bien partir, mais avec... un parachute doré », dit l'un. « C'est le moment de créer son entreprise, une banque par exemple. Je me ferais renflouer par l'État ! ». L'humour n'empêche cependant pas l'inquiétude. En plus de celles déjà annoncées, la direction de Flins vient de programmer sept autres journées non travaillées. D'ici à la fin 2008, 27 journées seront chômées. Les patrons ne prennent même pas la peine de prévoir une indemnisation en chômage partiel : ces journées sont prises sur les congés, la cinquième semaine ou les « compteurs » collectifs, puis les compteurs individuels, qui comptabilisent les journées que les travailleurs « doivent » à l'usine ou, au contraire, que celle-ci leur doit, par exemple à la suite de samedis travaillés. Ceux dont les compteurs se trouvent vides ne toucheront rien.
Dans l'automobile, les patrons n'avaient même pas attendu l'annonce de la crise financière et de la récession pour planifier des réductions d'effectifs frappant les 275 000 travailleurs de ce secteur, y compris la sous-traitance. Pour conserver ou augmenter la rentabilité des capitaux investis, les patrons serrent les coûts, comme ils disent. Cela se traduit par la diminution des effectifs, le blocage des salaires, l'intensification du travail et les pressions sur les sous-traitants. Et maintenant, anticipant sur une baisse possible des ventes liée à la fois à la baisse du pouvoir d'achat et à la plus grande difficulté à obtenir ou à rembourser les crédits, les constructeurs accélèrent encore le mouvement des réductions d'effectifs, tout cela pour défendre encore et toujours leurs profits.