Création d'un « fonds d'investissement stratégique » : Une note de plus en plus salée30/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2100.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Création d'un « fonds d'investissement stratégique » : Une note de plus en plus salée

Jeudi 24 octobre, dans un discours « sur les mesures de soutien à l'économie », Sarkozy a annoncé la création d'un « fonds d'investissement stratégique ».

Ce fonds fera pour les grands groupes industriels ce que l'État vient de faire pour les grands groupes financiers : apporter des deniers publics pour garantir leurs profits et leur survie, dans la perspective d'un approfondissement de la crise économique. Le fonds n'est pas encore créé, mais les entreprises en mal de trésorerie peuvent d'ores et déjà téléphoner pour se voir consentir une avance ou demander à l'État d'entrer dans leur capital. Si un grand groupe est menacé par la baisse du cours de ses actions, l'État, par l'intermédiaire de ce fonds, en achètera un nombre suffisant pour que leur cours remonte ou, du moins, pour protéger les intérêts de ses actionnaires principaux.

D'autre part, l'Élysée ayant constaté qu'il « n'y avait plus d'investisseurs à long terme pour s'engager dans la durée », le fonds stratégique aidera les groupes industriels à investir. Autrement dit, puisque les capitalistes préfèrent consacrer les profits tirés de l'exploitation des travailleurs à spéculer plutôt qu'à investir, l'État fera les investissements à leur place afin que le système continue à tourner.

Pour l'instant le gouvernement ne dit pas de quelle somme sera doté le fonds. Cela n'a pas empêché Laurence Parisot, présidente du Medef, de dire d'avance qu'elle était insuffisante... Quoi qu'il en soit, la Caisse des dépôts et consignations, chargée de créer et de gérer ce fonds, devra une nouvelle fois consacrer ses moyens à soulager les capitalistes. Or ces moyens sont constitués en grande partie de la centralisation de l'épargne populaire, les livrets A entre autres. La CDC garantit donc d'un côté aux épargnants modestes qu'ils peuvent retirer leurs économies à tout moment, pendant que de l'autre elle les offre aux capitalistes en déroute ou prétendant l'être. De plus, les fonds de la CDC sont censés servir au financement de la construction de logements bon marché. On peut donc s'attendre à un arrêt de la construction de logements et être inquiet sur la capacité de la CDC à garantir l'épargne des déposants.

En revanche on peut être certain que les capitalistes seront servis, car la Caisse des dépôts et consignations a l'autorisation d' «emprunter sur le marché » pour que le fonds d'investissement puisse réaliser ses opérations financières. Comme pour la garantie des prêts interbancaires, les capitalistes prêteront donc de l'argent à l'État avec intérêt pour que ce dernier le leur reverse !

Une fois de plus, Sarkozy affirme que tout cela ne coûtera pas un sou au contribuable et n'augmentera même pas le déficit de l'État. Il n'empêche que le journal Le Monde a estimé, après la création de ce fonds d'investissement, qu'en quelques semaines l'État avait « injecté 650 milliards d'euros dans l'économie ». Et la facture de ces sommes, destinées à payer les spéculations passées des capitalistes et à nourrir leurs spéculations présentes, commence déjà à être présentée aux travailleurs.

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