Renault : Le patron veut faire payer la crise d'avance30/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2100.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : Le patron veut faire payer la crise d'avance

Les usines Renault fermées pendant la période de la Toussaint, cela a fait les gros titres des médias. Il ne s'agit cependant que d'un des volets du plan annoncé le 23 juillet dernier, deux jours avant les congés d'été de l'immense majorité des salariés Renault, par le PDG Carlos Ghosn.

En annonçant alors 4 000 suppressions d'emplois, plus tard suivies de 2 000 autres, le PDG de Renault incriminait la croissance plus faible que prévue, la hausse des prix des matières premières et de l'énergie, et la nécessité de « réduire la voilure » pour atteindre l'objectif du Contrat 2009 : ce que les financiers nomment une « marge opérationnelle » de 6 %. Ghosn estimait alors que, pour 2008, cette marge atteindrait déjà 4,5 %. D'ailleurs, le bénéfice annoncé en même temps que les suppressions d'emplois, 1,3 milliard d'euros pour le premier semestre 2008, affichait allègrement 21 % de hausse par rapport à l'année précédente.

Trois mois et une crise financière plus tard, Renault vient, par la voix de son directeur général Pélata, de reconsidérer sa prévision de marge pour 2008, en annonçant 2,5 ou 3 % à la place des 4,5 % espérés, et une baisse de 20 % de la production des usines européennes au quatrième trimestre, afin de résorber les stocks de véhicules. En Bourse, l'action Renault a d'ailleurs immédiatement perdu 11,5 %. En un an elle est même passée de 110 à 22 euros.

Evidemment, dans les usines où Ghosn a programmé les suppressions d'emplois, ces annonces ne surprennent pas. La suppression d'une équipe, comme à l'usine de Sandouville, la baisse de cadence conduisant à produire moins de véhicules, comme à l'usine de Flins à la mi-novembre, entretiennent un climat d'inquiétude parmi les travailleurs. Malgré tout la direction juge encore prudent, pour son plan de licenciements déguisés, de ne parler que de « départs volontaires ».

Et même, profitant en quelque sorte de la crise, les constructeurs réclament 40 milliards d'euros d'aides sous prétexte de concevoir des véhicules « verts ». Dans le contexte, ils ont des chances de les obtenir. Mais de toute façon, les milliards de profits accumulés depuis des années, y compris en 2007 et 2008, sont là et bien là, dans les coffres des prétendus investisseurs qui continuent, même pendant la tempête boursière, à faire des affaires.

Ces profits sont un réservoir tout trouvé qui devrait permettre de faire face aux aléas de la vente et de la production de Renault, PSA ou Ford. Quant au travail, il ne manque pas, ni en France, ni dans les autres usines d'Europe ; plutôt que de faire chômer les uns par moment et d'user la santé de tous par des postes surchargés, il faut qu'il soit réparti entre tous. Dans tous les cas, les travailleurs de l'automobile n'ont aucunement à se sentir solidaires de ces patrons plus ou moins secoués par la conjoncture. Ils ont, au contraire, à préparer leur riposte.

Partager