États-Unis : Un système électoral bien verrouillé30/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2100.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Un système électoral bien verrouillé

Même si les sondages sont très favorables au candidat démocrate Barack Obama face à son adversaire, le républicain John McCain, on ne connaîtra le résultat final de l'élection présidentielle qu'après le scrutin du mardi 4 novembre, et plus tard encore si les deux candidats sont au coude à coude. On saura alors si la couleur de peau du candidat démocrate a constitué ou pas un obstacle à son élection, comme le suggèrent les commentateurs qui semblent se méfier des trop bons sondages en sa faveur.

De toute façon, dans l'élection américaine, la désignation du président est très verrouillée. Les grands médias ne parlent que des candidats des deux grands partis, Démocrates et Républicains. Il existe pourtant onze autres candidats qui seront présents dans plusieurs États, et même 17 si on compte ceux présents dans un seul État. Tout au plus a-t-on pu entendre parler de l'écologiste Ralph Nader, qui a déjà participé à plusieurs scrutins présidentiels. Il y aussi, entre autres, une candidate du Parti Vert et deux candidats de petits partis d'extrême gauche, le SWP (Parti des Ouvriers Socialistes) et le Parti pour le Socialisme et la Libération.

Tous ces candidats ne sont pas pris en compte par les grands médias car, parmi les critères discriminants de cette élection, il y a l'argent. Même pour faire acte de candidature dans les primaires des deux grands partis, il faut disposer de gros moyens financiers permettant de mettre sur pied une campagne donnant quelque chance d'être sélectionné. Ce qui a été le cas d'Hillary Clinton, d'Obama et de McCain. Les candidats sortant du lot bénéficient de dons conséquents des grandes entreprises.

On a pu voir en début d'année combien les primaires, destinées à sélectionner le candidat démocrate comme le candidat républicain, avaient d'arbitraire. Ainsi, le nombre de délégués à la Convention démocrate avait peu de rapport avec le nombre de votes obtenus par le candidat auprès des électeurs. Les appareils des partis ont donc leur mot à dire. On a pu voir dans le passé un candidat démocrate, choisi par les électeurs démocrates au cours des primaires, écarté à la Convention.

Le jour de l'élection est, comme chaque fois, le premier mardi du mois de novembre, le 4 cette année. Mais en pratique, du fait des règles variables de l'élection, certains États autorisent à voter avant cette date. En 2004, 27 États avaient autorisé à voter avant le jour de l'élection et un cinquième des votants l'avaient fait.

L'étape suivante, c'est l'obtention d'un nombre suffisant de grands électeurs. Car le pays qui se présente comme le plus démocratique du monde, et qui le fait parfois les armes à la main comme en Afghanistan ou en Irak actuellement, continue d'élire son président comme il le faisait au 19e siècle. Pour être sûr que la participation du peuple à l'élection de son président n'amène pas des élus intempestifs, les pères fondateurs de la démocratie américaine avaient prévu un vote à deux degrés, qui se perpétue aujourd'hui encore : le président n'est pas élu au suffrage universel direct, les électeurs votent pour des grands électeurs, qui à leur tour élisent le président.

Autre filtre sélectif : si les électeurs d'un État votent majoritairement pour tel candidat, la totalité des grands électeurs désignés par cet État seront en faveur de ce candidat. Et comme le nombre d'électeurs varie d'un État à l'autre, de trois à 55, on peut dire que certains États font l'élection. Conséquence de ce système, et qui s'est vérifiée plusieurs fois, y compris pour Bush en 2000 : un président peut être élu parce qu'il a une majorité de grands électeurs, mais pas une majorité de votes populaires !

Pendant qu'ils y sont, les électeurs doivent aussi renouveler une partie des sénateurs, des députés, des gouverneurs d'État, des procureurs fédéraux, des contrôleurs financiers, des juges, des maires, des conseillers municipaux et des shérifs. Cela rend les bulletins de vote plutôt compliqués. Il peut y avoir aussi, selon les États, des référendums sur certains sujets.

Il reste que le facteur le plus sélectif dans la désignation du président demeure l'argent. C'est même ce qui assure que celui qui héritera de la charge pour quatre ans, ou pour huit s'il est réélu, aura eu au préalable l'aval des possédants, dont il défendra ensuite évidemment les intérêts essentiels.

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