Grèce : Succès de la grève générale30/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2100.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Succès de la grève générale

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues d'Athènes et des grandes villes grecques lors de la grève générale du mardi 21 octobre, à l'appel des deux grandes confédérations syndicales des travailleurs du privé (GSEE) et du public (Adedy). La grève a touché les transports, les trains, les avions, dont 200 vols ont été annulés, les ferries, qui n'ont pas desservi les îles. Elle a perturbé aussi les services administratifs, les banques, les hôpitaux, les écoles.

Les manifestants ont conspué la politique du gouvernement de droite de Costas Caramanlis aux cris de « Nous ne voulons pas payer leur crise » et « Cherté, pauvreté, chômage : on n'en peut plus ». Ils réclamaient aussi le doublement du salaire minimum, de 700 à 1 400 euros, et la fin des attaques contre les retraites. Le lendemain, c'était au tour des petits commerçants de fermer leurs magasins et, deux jours plus tard, les travailleurs d'entreprises textiles venus manifester contre les licenciements devant le ministère de l'Économie étaient reçus violemment par la police.

La situation est en effet de plus en plus difficile pour les travailleurs, et depuis longtemps. Les statistiques du Conseil de l'Europe indiquent qu'en 2005 la Grèce comptait 14 % de travailleurs de plus de 18 ans à la limite du seuil de pauvreté, contre une moyenne de 8 % pour l'Europe des 27. L'enquête ajoutait qu'un Grec sur trois, contre un Européen sur dix, se trouvait en 2005 dans l'impossibilité de payer son crédit immobilier ou son loyer. Les salaires ont stagné et ils sont bas, comparés par exemple aux salaires français. Il y a six mois, le gouvernement a royalement augmenté le salaire de base des fonctionnaires, qui est passé à 711 euros ! Les prix, eux, ont augmenté avec une inflation de 4,6 % en août, et en juillet la baisse de fréquentation des supermarchés s'est élevée à 5,8 %.

La politique de Caramanlis n'a rien d'original, c'est celle de tous les défenseurs des patrons, avec la privatisation d'entreprises nationales au nom de la nécessaire modernisation. C'est ainsi que la gestion des activités cargos du Pirée, le port d'Athènes, a été vendue à une compagnie chinoise, malgré les grèves des dockers inquiets de leur futur statut. La compagnie aérienne nationale, Olympic Airways, doit aussi être privatisée. Le plan prévoit que 4 500 employés devraient se voir proposer un départ en retraite, un poste dans la nouvelle compagnie ou un reclassement dans la fonction publique. Mais cette dernière, qu'il s'agisse de l'administration, de la santé ou de l'éducation, souffre des économies imposées par le gouvernement.

Et depuis le krach boursier la priorité est encore plus au soutien des capitalistes, en particulier des banques. En Grèce aussi, le « plan de sauvetage » consiste en un cadeau aux banquiers de 28 milliards d'euros, l'équivalent de 12 % des richesses produites en un an par l'économie du pays, de quatre ans de dépenses pour l'éducation ou de cinq ans d'investissements dans la santé ! Et pour ajouter à l'exaspération des salariés, les caisses d'assurances sociales ont reconnu avoir perdu, par des placements aventureux, plus de deux milliards d'euros depuis le début de l'année !

Dans toute l'Europe, les gouvernements veulent faire payer la crise aux travailleurs. Leur résister est une question de survie.

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