ArcelorMittal - Gandrange : Sarkozy chargé de communication de Mittal11/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2071.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Gandrange : Sarkozy chargé de communication de Mittal

On allait voir ce qu'on allait voir ! À quelques semaines des municipales, Sarkozy était venu bomber le torse à Gandrange et affirmer que, avec ou sans Mittal, il sauverait les emplois. Et puis... rien. Si : il paraît que, dans les discussions qu'ils ont eues depuis, Mittal et Sarkozy " se sont très bien entendus " - mais qui pouvait en douter ? Ceci dit, les 595 emplois directs concernés par la fermeture de l'aciérie et d'un laminoir à Gandrange seront bel et bien supprimés. Sans compter près de 700 emplois, si l'on y ajoute les intérimaires présents sur le site et les sous-traitants.

Lundi 7 avril au soir, après la rencontre avec les syndicats de Gandrange, le gouvernement et les médias à son service ne tarissaient pas sur les 124 emplois promis par ArcelorMittal dans un centre de parachèvement, de services et de formation. Bref, une annonce vague et qui suscite plus que de la méfiance chez les travailleurs. D'autant qu'ils ne remplaceront pas - si jamais ils voient le jour - les emplois supprimés dans quelques mois. Quant aux reclassements promis sur Florange tout proche ou au Luxembourg, c'est, en creux, l'annonce d'autant de renvois d'intérimaires sur ces sites.

Depuis le début de l'annonce des projets de Mittal, les travailleurs de Gandrange ont vécu les événements avec une certaine fatalité : les fermetures d'usine ce n'est pas vraiment nouveau en Lorraine, l'usine de Gandrange elle-même étant passée de 14 000 travailleurs à 1 100 en une trentaine d'années. D'où une très faible mobilisation aux appels lancés - en ordre dispersé - par des syndicats surtout préoccupés par la recherche de " solutions industrielles ".

Jeudi 3 avril, les syndicats avaient rendez-vous avec le préfet de Moselle pour lui demander que Sarkozy respecte ses promesses de maintien de l'emploi auxquelles certains voulaient croire, tel ce responsable CFDT omniprésent dans les médias, qui s'émerveillait, lors de la visite présidentielle : " Il parle comme un syndicaliste " ! Moins de 200 personnes étaient présentes à l'appel de tous les syndicats, et le préfet n'a bien sûr apporté aucune garantie.

Le lendemain, un CE extraordinaire était convoqué pour entériner les choix de la direction. Prudente, elle l'avait convoqué à une vingtaine de kilomètres de l'usine, à Metz, dans des locaux patronaux. Le CE s'est tenu sans la CGT - qui appelait à la grève pour la journée. Les délégués CGT ont été bloqués à la porte avec la petite centaine de manifestants qui voulaient rentrer dans les locaux. Le CE a duré dix minutes et les responsables CFDT et CGC - qui ont tout de même voté contre les projets de la direction - se sont fait copieusement insulter par les jeunes présents pour s'être prêtés à la mascarade. Il a fallu que des militants CGT s'interposent pour éviter d'en venir aux mains. Puis, dans la matinée, le bureau du directeur de Gandrange - absent du site - a été " déménagé " sans ménagements par des jeunes et des syndicalistes excédés de voir des patrons annoncer des suppressions d'emplois sans avoir le courage d'affronter les travailleurs.

Ce vendredi 4 avril, la grève appelée par la CGT a connu un très faible écho car, pour la plupart des travailleurs, les jeux étaient faits. Sans compter l'intox de la direction expliquant que les mutations au Luxembourg étaient très intéressantes, avec des payes mirobolantes. En fait, les horaires n'y sont pas les mêmes (on travaille 40 heures au Luxembourg) et surtout, en comptant le temps et l'argent nécessaires au transport, il ne restera rien dans le porte-monnaie.

Avec l'annonce des suppressions d'emplois, ArcelorMittal va décrocher de nouvelles aides : un fonds d'investissement de 20 millions d'euros financé pour moitié par les pouvoirs publics et pour moitié par le numéro un mondial de l'acier va être créé.

Bref, de nouveaux sacrifices pour les travailleurs, de nouveaux cadeaux pour les employeurs. Il n'y avait rien d'autre à attendre des bourgeois ni de Sarkozy, leur commis.

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