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- Lutte ouvrière n°2071
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Leur société
La France et l'OTAN : Encore plus de complicités avec l'impérialisme américain
La récente décision du gouvernement d'envoyer des renforts en Afghanistan, immédiatement suivie de l'annonce d'un prochain retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, ont été dénoncées par les parlementaires du PS et du PCF et par une partie de la droite. Ils dénoncent une allégeance un peu trop marquée aux États-Unis, trahissant le " gaullisme ".
Il est vrai que c'est de Gaulle qui, en 1966, avait décidé la sortie de la France du commandement de l'Otan, mais du commandement seulement, et demandé la fermeture des bases américaines dans le pays. L'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) avait été mis en place en 1949 pour coordonner les armées des pays " démocratiques " devant ce qu'ils appelaient la " menace soviétique ". Il s'agissait en fait de permettre à l'armée des États-Unis de disposer de bases en Europe de l'Ouest, de mettre éventuellement les troupes européennes sous son commandement en prévoyant les structures adéquates, de faire participer l'ensemble des pays concernés au financement de l'armée de Guerre froide. La France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne (à partir de 1955) et les autres pays de moindre puissance, en adhérant à l'Otan, acceptaient les États-Unis comme chef de file militaire, diplomatique et économique. Ils acceptaient aussi de fait que ce soit l'impérialisme le plus puissant qui règle les questions internationales.
En 1966, l'heure était à la détente avec l'URSS, alors que les États-Unis étaient embourbés dans la guerre du Vietnam. La France avait perdu ses colonies et pouvait donc, avec une sérieuse dose de mauvaise foi, essayer de se faire passer pour l'amie des peuples africains, arabes, asiatiques, etc. Elle pouvait en tout cas tenter de jouer sa propre carte, et son propre commerce, en se démarquant des Américains. C'est ce qui motiva le geste de de Gaulle vis-à-vis de l'Otan et quelques autres déclarations " gaulliennes " du même tonneau, faites aux quatre coins du monde. Toutefois, la France continua à participer à l'Otan, à ses réunions et à ses manoeuvres militaires et surtout, dans toutes les crises sérieuses, l'impérialisme français se rangea aux côtés de l'impérialisme américain.
À partir de 1991, la désagrégation de l'Union soviétique, la réunification de l'Allemagne et le démembrement de la Yougoslavie firent que les gouvernements américains sortirent l'Otan de son sommeil paisible et de ses casernes pour lâcher ses troupes sur la Yougoslavie. Sans avoir besoin de réintégrer le commandement militaire intégré, la France envoya plusieurs milliers d'hommes dans les Balkans et fut au quatrième rang pour financer ces opérations de l'Otan.
Depuis lors, les troupes de l'Otan, armée française comprise, ont été envoyées bien loin de leurs bases de " l'Atlantique Nord ", jusqu'en Afghanistan, en Somalie, etc. L'impérialisme américain essaye en effet de faire partager à d'autres le poids de ses sales guerres. Lorsqu'il n'arrive pas à convaincre l'ONU, où tous les pays sont représentés, il mène donc la guerre au nom de l'Otan, où il ne compte que de fidèles amis.
La réintégration du commandement de l'Otan par la France ne changerait rien sur le fond à la solidarité profonde d'un impérialisme de seconde zone avec la première puissance mondiale. Mais si, au temps de de Gaulle, la bourgeoisie française essayait de contester, respectueusement et marginalement, la domination américaine, aujourd'hui elle semble préférer faire allégeance publiquement.