Législatives anticipées en Italie : Derrière le brouillard des promesses11/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2071.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Législatives anticipées en Italie : Derrière le brouillard des promesses

Les élections italiennes des 13 et 14 avril, anticipées à la suite de la chute du gouvernement Prodi en janvier, opposent essentiellement deux partis. À droite, le Peuple de la Liberté (PdL) est le nouveau nom donné par Berlusconi à son regroupement, auquel s'est adjointe l'Alliance Nationale de l'ex-dirigeant néo-fasciste Fini. À gauche, ou plutôt au centre-gauche, le Parti Démocrate de Walter Veltroni est l'aboutissement du regroupement des Démocrates de Gauche (DS), eux-mêmes issus de l'ex-PC italien, avec divers regroupements du centre. La campagne électorale s'est ainsi axée sur l'opposition, plutôt feutrée, entre Berlusconi et Veltroni.

À l'approche des élections, c'est Berlusconi, ce magnat de l'audiovisuel affairiste qui a déjà gouverné l'Italie de 2001 à 2006, qui était donné favori, profitant visiblement des désillusions laissées à gauche par le gouvernement Prodi, qui pendant deux ans a utilisé son crédit pour gouverner contre les travailleurs, avec la collaboration des organisations syndicales.

L'article ci-après est extrait de l'éditorial du journal de nos camarades italiens, L'Internazionale (n°78 de mars 2008).

La guerre des promesses entre le Parti Démocrate et le Peuple de la Liberté occupe la scène politique, et Veltroni et Berlusconi se soutiennent l'un l'autre comme jamais auparavant. L'appel au " vote utile ", après la décision de " courir seuls ", la réduction du programme électoral à quelques points seulement pour donner une impression décidée et concrète, tout les rend semblables.

Parfois même, les exigences de la politique spectacle font prendre au " Cavaliere " Berlusconi l'allure d'un tribun du peuple. On l'a vu cherchant à haranguer le public, sans tribune et sans cravate, dans des discours apparemment improvisés. Son adversaire au contraire prend plus souvent l'allure d'un tranquille leader modéré, voire conservateur.

Peut-être cette mise en scène convaincra-t-elle certains. Peut-être influencera-t-eIle l'orientation d'une fraction de l'électorat, mais on a la sensation que le dégoût pour la politique parlementaire, sans distinction, a gagné une partie consistante des travailleurs et des couches populaires en général. Inutile de dire que la conduite du gouvernement Prodi a contribué de façon déterminante à ce sentiment, avec sa politique sociale qui a trahi toutes les attentes du monde du travail d'une amélioration de ses conditions.

Une chose est sûre : tout ce brouillard, auquel concourent également les formations politiques plus petites, est destiné à se dissiper sous l'effet de la crise qui se fait sentir dans l'économie mondiale. L'écroulement des titres liés aux " subprimes " en Amérique cet été a été le début d'une série de réactions en chaîne qui ne sont pas finies. On a assisté au déplacement de flux d'argent vers les matières premières ou les produits agricoles de base, devenus pour les grands spéculateurs une sorte de bien refuge. Il s'en est suivi l'augmentation des prix à la consommation que chacun d'entre nous affronte quotidiennement.

Il faut se préparer à temps. Il faut surtout ne s'attendre à rien de bon de quiconque gouvernera le pays après les 13-14 avril. Veltroni comme Berlusconi appartiennent au " parti des profits " et se préparent à soutenir les revendications antiouvrières du grand patronat. La question des salaires, ou bien sera posée et résolue en mettant sur un plateau de la balance la force des travailleurs, ou bien, dans le meilleur des cas, sera une couverture pour les demandes des dirigeants patronaux, qui voudront plus d'argent de l'État et plus d'heures de travail des ouvriers.

Lors du vote, les travailleurs pourront exprimer leur propre hostilité à un système qui continue à les presser comme des citrons, en s'abstenant, en annulant leur bulletin, en votant pour une liste d'extrême gauche. (...) Restera le problème de donner à leurs aspirations et à leurs intérêts de classe la dignité d'une grande force politique. En fait, un parti qui exprime les intérêts de la classe travailleuse est encore une fois absent de la compétition politique, et pas seulement sur le plan électoral.

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