Imposer l'interdiction des licenciements04/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1712.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Imposer l'interdiction des licenciements

Le nombre de travailleurs des entreprises qui licencient dans les cortèges du 1er mai rappelle pourquoi ce jour doit toujours rester une journée internationale de lutte des travailleurs. Malgré les 115 ans qui se sont écoulés depuis la grève noyée dans le sang à Chicago qui donna naissance à la journée du 1er mai, le capitalisme n'a pas changé, et son fonctionnement non plus.

La vague de licenciements par des entreprises qui gagnent pourtant des milliards en est la preuve : après Michelin, Alstom, Aventis, Delphi, Unilever, voilà donc Danone, Marks & Spencer, AOM, Philips, Moulinex, Bosch, Bull, André, Péchiney, Dim, Valéo, et peut-être bien d'autres. Les plans de suppressions d'emplois établis dans le secret des Conseils d'administration ravagent la vie des travailleurs des entreprises concernées mais aussi de ceux des entreprises sous-traitantes, des filiales et plus généralement de tous ceux dont les revenus sont liés à ceux des travailleurs. Quand on ferme une entreprise, c'est toute une ville, toute une région qui en subissent les conséquences catastrophiques.

Aussi l'interdiction des licenciements par ces grandes entreprises est une nécessité vitale. Imposer cette mesure de salubrité publique sous peine de réquisition est une mesure élémentaire de justice.

Cette revendication que Lutte Ouvrière défend depuis des années, notamment depuis la présidentielle de 1995, est aujourd'hui largement reprise parmi les travailleurs.

Mais, pour le gouvernement qui se dit pourtant socialiste, il n'est pas question de prendre une mesure qui pourrait gêner le patronat en l'obligeant à consacrer ne serait-ce qu'une fraction de ses profits à sauvegarder des emplois au lieu de les détruire. Non, pour ce gouvernement comme pour ceux de droite, les patrons ont tous les droits au nom de la propriété privée, au nom des lois du marché, de la concurrence et du profit. Sur cette question essentielle, Jospin et Seillière mènent le même combat contre l'intérêt vital de l'écrasante majorité de la population.

Interdire les licenciements serait une mesure irréaliste ? Mais toutes les mesures un tant soit peu en faveur des travailleurs ont toujours été proclamées irréalistes jusqu'à ce que les travailleurs les imposent. En avril 1968, augmenter les salaires de 20 à 30 % était irréaliste. En mai, l'impossible était devenu possible grâce à la grève générale !

Alors, que le patronat et les gouvernements à son service se méfient. Les travailleurs, révoltés d'être jetés comme des chiffons usés après 20 ou 30 ans de travail, ne se contenteront pas de s'abstenir aux élections ni même de voter pour l'extrême gauche. Et l'explosion de leur colère imposera l'interdiction des licenciements.

Il faut que la protestation contre les licenciements prenne de l'ampleur.

Lutte Ouvrière a répondu positivement à la proposition du Parti Communiste Français faite à différentes organisations de se rencontrer le 11 mai pour préparer dans les plus brefs délais une manifestation à Paris pour protester contre les lourdes menaces qui pèsent sur un nombre de plus en plus grand de travailleurs.

Par ailleurs, d'autres organisations, comme la CGT, certains autres syndicats, fédérations ou sections syndicales, ont pris des initiatives dans le même sens.

Bien entendu, Lutte Ouvrière soutient toutes ces initiatives mais considère que ce serait tourner le dos aux intérêts des travailleurs menacés si tous les efforts n'étaient pas faits pour qu'on aboutisse à une seule et même manifestation centrale à Paris au lieu d'initiatives dispersées.

Toute initiative non unitaire sous des prétextes de préséance ou de divergence secondaire serait une trahison et ne pourrait que faire le jeu du patronat.

Les dirigeants de la CGT en particulier parlent d'éclater localement le mouvement au lieu de le centraliser.

Nous espérons que tous les dirigeants syndicalistes feront face à leurs responsabilités et n'hésiteront pas à manifester avec les organisations politiques en se plaçant résolument sur le terrain de l'interdiction des licenciements et en refusant la loi du profit au détriment des intérêts non seulement du monde du travail mais aussi de villes ou de régions entières.

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