Péchiney (Marignac-Haute-Garonne) : Péchiney annonce la fermeture du site04/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1712.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Péchiney (Marignac-Haute-Garonne) : Péchiney annonce la fermeture du site

Le mercredi 18 avril, les travailleurs de l'usine Péchiney, à Marignac dans la Haute-Garonne, où est produit du magnésium, ont appris lors de la visite de Jacques Gani (PDG de Péchiney électrométallurgie) qu'un projet de fermeture du site, applicable dans les plus brefs délais, serait lancé lors du CCE du 3 mai.

Il s'agit selon la direction "d'assainir une situation préoccupante", due à la concurrence du magnésium chinois, à la facture énergétique en hausse et au coût des matières premières qui auraient fait passer l'usine d'une situation largement bénéficiaire à une situation qui deviendrait déficitaire.

Or, Péchiney a fait plus de 2 milliards de francs de bénéfices l'an passé, les "plus beaux résultats de son histoire" d'après le PDG du groupe. La direction annonce dans un communiqué du 26 avril un résultat net de 600 millions de francs pour le premier trimestre 2001, (contre 273 millions au premier trimestre 2000).

L'usine de Marignac compte actuellement 210 salariés auxquels s'ajoutent une trentaine d'intérimaires et une centaine de salariés de sous-traitants. Dans ce canton, qui compte moins de 5 000 habitants, cette usine Péchiney est la seule industrie, sa fermeture serait fatale pour toute la région. Mais les préoccupations des dirigeants du Groupe Péchiney concernent avant tout le sort des actionnaires.

Jacques Gani pensait faire son annonce et repartir en début d'après-midi. Mais les ouvriers ont arrêté le travail et se sont invités à la réunion pour exprimer leur colère et demander des comptes, puis ont bloqué les portes de l'usine. Le PDG, qui refusait toute négociation, a dû passer la journée et la nuit à l'usine : Il n'a pas eu le courage de passer devant les travailleurs restés devant les grilles. Le lendemain matin, les travailleurs ont obtenu qu'une entrevue ait lieu pour le lundi 23 avril au ministère de l'Industrie. Le PDG a pu repartir escorté de gendarmes et du sous-préfet.

La grève, suspendue le jeudi soir, a repris le lundi 23, pendant l'entrevue à Bercy. Les grévistes cherchent à prendre contact avec les autres usines du groupe dans la région, mais aussi avec les employés des services publics et la population locale. Ils font connaître leur situation et leur revendication : retrait pur et simple du projet de fermeture. Ils ne veulent entendre parler ni de licenciements ni de reclassements. Ils veulent que leur usine tourne, que cela plaise ou non aux actionnaires.

Lundi 23 avril, 800 personnes se sont rassemblées devant l'usine en soutien aux travailleurs. Des élus, en particulier du PCF, ont appelé la population à "mettre en échec le projet de Péchiney".

Le mardi, le député PS Idiart a interpellé le gouvernement au sujet des projets de Péchiney lors de la séance du Parlement, demandant que tout soit mis en oeuvre pour la survie du site. La réponse du ministre de l'Industrie, Pierret, a montré aux travailleurs qu'ils ne devaient pas espérer le soutien du gouvernement autrement que par des discours vagues, autrement dit du vent.

La production à l'usine est devenue intermittente ; mercredi 25 avril, un accident a provoqué le débrayage : un ouvrier chef de poste a été brûlé par une explosion dans un four (en 27 ans il y a eu 13 morts dans l'usine, un ouvrier a perdu un oeil il y a huit mois).

La direction se fait la plus discrète possible et les travailleurs se demandent où se cache le directeur, qui aurait déménagé son bureau à quelques dizaines de kilomètres de là, à Saint-Gaudens.

La mobilisation des travailleurs a, pour l'instant, permis la reprise de négociations avec la direction et le report au 10 mai du CCE prévu le 3. Mais les salariés se savent engagés dans une lutte pour la survie de leur gagne-pain et sont déterminés à ne pas se laisser faire.

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