Alcatel : Moins de portables vendus... mais les affaires vont bien !04/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1712.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel : Moins de portables vendus... mais les affaires vont bien !

Jeudi 26 avril, la direction d'Alcatel a annoncé que sa production de téléphones portables, jusque-là répartie sur deux sites, à Illkirch (près de Strasbourg) et à Laval, serait regroupée sur le deuxième en Mayenne et... vendue à une société appellée Flextronics.

Cette information a jeté un certain froid. Tout le monde était certes au courant de la mévente dans les portables. Deux semaines de chômage et une semaine de vacances forcées avaient été programmées au premier trimestre puis à nouveau deux autres au second trimestre. Mais de là à penser qu'Alcatel était prêt à vendre l'usine et les salariés avec, il y avait un pas.

L'usine d'Illkirch, quant à elle, est reconvertie pour fabriquer des composants opto-électroniques pour Alcatel Optronics, au moins dans sa partie production de téléphones portables. Car cette usine était divisée en deux, une moitié pour les téléphones portables et l'autre moitié pour les PABX (centraux téléphoniques privés).

Tchuruk est donc heureux. Il a rassuré ses actionnaires.

Par contre, pour les salariés, ce n'est pas la même chose. Le jour où Alcatel annonçait sa décision, le journal La Tribune informait que, dans cette société américaine de droit singapourien, 6 500 à 7 000 suppressions d'emplois, soit 10 % des effectifs, étaient programmées essentiellement dans "les régions à coûts salariaux élevés".

Cela n'a pas empêché Tchuruk, dans une interview au Monde, de dire : "Je n'ai pas cédé l'usine de Laval à une PME esclavagiste", ajoutant : "Je ne suis pas de ceux qui jettent en pâture des suppressions d'emplois". Il a oublié les 30 000 suppressions d'emplois auxquelles il a procédé quand il est arrivé à la tête d'Alcatel en 1995.

Alcatel comme les autres constructeurs ont bénéficié de l'engouement pour le portable. Ils ont développé des centres de production, fait tourner les usines 24 heures sur 24 et 360 jours sur 365. La production de terminaux est passée chez Alcatel de 6 millions en 1998 à 11 en 1999 puis 20 millions en 2000. Aujourd'hui, il y aurait, d'après les experts, une capacité de production de 700 millions de terminaux pour un marché de 220 à 230 millions de téléphones portables.

Les entreprises vendent. C'est ce que vient de faire Ericsson, peu avant Alcatel... et au même repreneur. Charge pour lui, en toute logique capitaliste, d'éliminer ensuite les sites les moins rentables.

Les effectifs en recherche et développement doivent également sérieusement diminuer puisque l'antenne d'Illkirch est supprimée et il ne devrait plus rester que 480 personnes en fin d'année pour 780 aujourd'hui. Ce sont essentiellement des sous-traitants qui vont faire les frais de cette compression, des sous-traitants qui sont en fait les intérimaires-ingénieurs d'aujourd'hui.

Cela n'empêche pas les affaires d'Alcatel de se porter très bien puisque Tchuruk a pu annoncer avec les résultats du premier trimestre "que les ventes pour 2001 devraient croître dans une fourchette qui pourrait aller de 5 à 15 %. Le résultat opérationnel devrait croître à un rythme supérieur".

Les actionnaires pourront remercier Tchuruk, et c'est ainsi que, dans le bilan 2000, on peut lire que son salaire officiel pour 2000 a été de 10 millions de francs, en hausse de 17,5 % pour la partie fixe, et de plus de 7,5 millions pour la partie variable, en hausse de 48 %, sans oublier les 500 000 stock-options qu'il pourra débloquer entre 2005 et 2007.

Des chiffres à ne pas oublier lorsque les salariés feront entendre leur voix.

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