Alençon, c'est Moulinexland, pourrait-on dire. Tant il est vrai qu'avec ses 1 100 employés, auxquels il faut ajouter 200 intérimaires et ceux qui travaillent dans les entreprises sous-traitantes, cette usine, la seule importante de la ville, y joue un rôle capital. L'entreprise a largement profité des subventions aux frais des contribuables. Ces derniers mois, la Communauté d'agglomération, la Région et le Département ont voté une subvention de 100 millions de francs pour construire une usine neuve à Alençon dont Moulinex aurait été locataire pour six ans. Le permis de construire était déjà accordé.

Alors le 26 avril quand la fermeture de l'usine a été annoncée au CCE, la nouvelle a été reçue comme un coup de massue. On parlait de cette éventualité, mais sans y croire. Dans l'usine d'Alençon, le travail a cessé. Et le midi le réfectoire était trop petit pour contenir tous les salariés venus s'informer à la réunion convoquée par la direction. Mais après avoir entendu que les refus de mutation entraîneraient un licenciement, ils sont sortis en huant le DRH.

Le lendemain, l'appel à bloquer l'usine lancé par l'intersyndicale a été largement suivi et nombreux sont celles et ceux qui sont restés devant les portes, tous décidés à ne pas se laisser faire. L'idée fut lancée par des militants syndicaux qu'il faut maintenir les emplois et qu'il n'y a qu'à exiger des actionnaires qu'ils rendent les dividendes dont ils se sont enrichis pendant des années, en particulier les 785 millions perçus au moment de la fusion Moulinex-Brandt. Et de dénoncer les discours de la direction qui accuse les ouvriers de coûter trop cher et de faire le choix de fermer des usines et de licencier des milliers de travailleurs pour que les actionnaires empochent le maximum de profits.

Mardi 1er mai les travailleurs de Moulinex étaient nombreux à la manifestation. Par ailleurs d'autres actions sont prévues, dont une manifestation interrégionale à Alençon le 16 mai.